Protégeons notre sphère privée!

  • Lisa Mazzone, conseillère nationale (Verts)

    Lisa Mazzone, conseillère nationale (Verts)

Fin de journée, vous cuisinez le repas du soir. Tandis que vous coupez vos légumes, un détective vous épie. Discrètement stationné devant votre immeuble, il tire votre portrait. Les photos continuent à travers la fenêtre de votre chambre quand vous allez vous coucher, jusqu’à ce que la fermeture des stores abatte l’obscurité sur son objectif.

Le lendemain, grâce au GPS placé sur votre véhicule, le détective vous trace. Plus tard, assis à vos côtés un café à la main, il enregistre votre conversation dans un bistrot. Le monde de Big Brother n’est bientôt plus un cauchemar littéraire, mais une réalité. Si vous subissez un accident, devenez invalide, perdez votre travail ou dépendez d’une allocation pour impotent, vous courrez bientôt le risque d’être exposé à une surveillance diligentée par votre compagnie d’assurance.

La loi adoptée par la majorité du parlement piétine ainsi le respect de la sphère privée et des libertés personnelles. Sans l’aval impartial d’un juge qui garantirait que la mesure soit proportionnée et le soupçon fondé, le responsable d’unité de votre assurance pourrait «observer secrètement un assuré et, à cette fin, effectuer des enregistrements visuels et sonores».

Avec son aval, il pourrait déployer drones et GPS pour vous pister. Les moyens des assurances pour détecter de supposés fraudeurs sont donc plus grands que ceux dont la police dispose pour poursuivre des criminels. Cette loi crée un précédent dangereux, car pour la première fois on porte une atteinte à la sphère privée plus lourde que lors d’une procédure pénale dans un domaine spécifique de la vie, en donnant quasiment les pleins pouvoirs aux compagnies d’assurance. Signer le référendum, c’est sauvegarder nos valeurs constitutionnelles.