Santé: et si on en faisait moins pour aller mieux?

PRESCRIPTION • 30% des actes médicaux prodigués sont actuellement jugés comme étant inutiles. Depuis quelques années s’impose l’idée qu’en termes de médecine, il est parfois préférable de moins en faire. Avec à la clé, des conséquences non négligeables sur les coûts et surtout sur la santé des patients.

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Et si l’on avait tendance, en matière de médecine comme dans bien d’autres domaines, à en faire trop ? C’est en tout cas ce que pensent bon nombre de médecins et de vénérables sociétés médicales un peu partout dans le monde, une idée résumée par un anglicisme clair «Less is more», en français «moins, c’est mieux». Un concept qui trouve son origine dans l’intuition somme toute évidente qu’un excès de traitement peut parfois amener pour le patient, plus de dommages collatéraux que de bénéfices, et ce sans compter les conséquences sur les coûts de la santé.

5 actes inutiles

Chez nous, et dès 2014, la Société suisse de médecine interne générale (SSMIG) a publié une première liste intitulée «Smarter Medicine» («médecine plus intelligente») qui recense 5 actes médicaux inutilement pratiqués par les médecins et dont il serait préférable de limiter le recours: la radio du thorax systématique dans le cadre d’un bilan préopératoire, la radio du dos chez un patient dont les douleurs lombaires datent de moins de 6 semaines, le dosage du PSA pour dépister le cancer de la prostate sans en discuter les risques et bénéfices avec le patient, la prescription d’antibiotiques en cas d’infection des voies aériennes supérieures sans signe de gravité et enfin le traitement d’inhibiteurs de la pompe à proton pour des symptômes gastro-intestinaux d’acidité.

Conséquences

Ces recommandations n’ont pas été choisies au hasard. Car dans chaque cas, le recours excessif à un acte médical peut se traduire par des conséquences non négligeables pour le patient. Un exemple parmi bien d’autres: on sait que 2% des radios pratiquées dans le cadre d’un bilan avant une intervention se soldent par la détection d’un nodule pulmonaire bénin. Sauf que pour le savoir, il aura fallu pratiquer une biopsie qui peut être lourde de complications, et ce sans compter le traumatisme psychologique inutilement causé au patient.

Résultat: depuis des années, de plus en plus de médecins y réfléchissent à deux fois avant de s’adonner à tout acte médical, tout en consacrant plus de temps à l’information éclairée de leurs patients. Et cela marche: selon une enquête sur «le rapport des Français et des Européens à l’ordonnance et aux médicaments », publiée en octobre 2005 par l’assurance-maladie française, 57% des consultations ambulatoires aux Pays-bas se terminent… sans ordonnance.

Avec la collaboration du Pôle prévention et promotion de la santé - Réseau Santé Delta. www.reseau-delta.ch