Le banquier qui foule les planches

PORTRAIT • Christian Dustour est cadre dans une banque privée de Lausanne. Il combine cet emploi avec sa passion du théâtre. Ce mois, la première pièce dont il est l’auteur est jouée à Lausanne.

  •  Christian Dustour tient l'affiche de la première pièce dont il est à la fois l'auteur et le metteur en scène. MISSON

    Christian Dustour tient l'affiche de la première pièce dont il est à la fois l'auteur et le metteur en scène. MISSON

«Enfant, j’étais plutôt timide. A cause de cela, on ne m’avait attribué qu’une seule réplique lors du spectacle de l’école.» Cette expérience, vécue au-delà de la peur, a suscité la vocation de Christian Dustour, qui n’a eu de cesse de vouloir surpasser cet «échec».

Passionné de théâtre depuis son plus jeune âge, il n’a pourtant pas choisi la vie de bohème apparentée aux artistes, dont les contrats ne sont pas réguliers et les fins de mois parfois difficiles. A la place, il a opté pour un poste stable dans l’univers de la banque. Aujourd’hui, il est directeur adjoint d’une banque privée à Lausanne depuis dix ans. Avec une formation initiale d’employé de commerce, Christian Dustour a simplement «saisi l’occasion qui se présentait». Mais il n’est pas banquier dans l’âme, bien plutôt un passionné de théâtre.

Assurer le quotidien

Cette vie de comédien, il a tenté de l’aborder en prenant des cours de théâtre à Paris entre 22 et 24 ans, après avoir achevé le conservatoire d’art dramatique de Genève à 18 ans. «Comme je me suis marié jeune, et que nous avons eu un enfant rapidement, je n’ai pas voulu faire subir à ma famille les aléas de la vie de comédien. Comme j’ai eu la possibilité de saisir un emploi stable, je l’ai fait. Et je ne regrette rien.»

Mais le théâtre a toujours accompagné Christian Dustour, qui a joué dans une trentaine de pièces, un court, et deux longs métrages. «Parfois, je n’ai pas joué pendant plusieurs années, par obligation familiale ou professionnelle, mais ça me manquait. Quand j’allais au théâtre, que je sentais cette ambiance, je me disai : il faut que je reprenne bientôt!»

L’art de la mise en scène

Aujourd’hui, cela fait plus de 10 ans que Christian Dustour prend plaisir à la mise en scène, en plus de la comédie. Il a quatre pièces à son actif en tant que metteur en scène. La cinquième, «Jeanne prend le train» est également la première pièce jouée dont il est l’auteur. Et il y en aura une de plus à la fin de l’année. «L’année 2018 est assez chargée, presque tout mon temps libre est consacré au théâtre. Il s’agit du travail le plus personnel que j’aie fait jusqu’à présent, et j’en suis vraiment satisfait. Mais le verdict sera rendu par le public !»

Etre comédien en parallèle de sa vie de cadre, «c’est positif pour mon équilibre de vie. Le théâtre permet de décharger la pression du quotidien. La banque est un monde très hiérarchisé, avec des codes très stricts, des choses que l’on n’a pas le droit de dire… Le théâtre est tout le contraire: on se tutoie, on est tous au même niveau.» En dehors de cela, le théâtre a aussi permis à Christian Dustour de s’affirmer dans les affaires en combattant sa nature timide et en gagnant en assurance.

S’il gagnait à la loterie, Christian Dustour s’achèterait un théâtre. Et si cela n’arrive pas, il continuera à écrire des pièces comme il le fait maintenant. Ce qui est déjà pas mal !

 

Jeanne prend le train, 24-25-26 mai à 20h30 et le 20 mai à 17h, au Théâtre du Vide-Poche, Place de la Palud 10, Lausanne. Réservations: 076 370 04 60 ou achat sur place.