Cholestérol: quand faut-il prendre un médicament ?

PRESCRIPTION •

Faut-il prendre un médicament quand on a un taux de cholestérol élevé, même sans aucun symptôme? Pourquoi mon médecin me prescrit-il un traitement, alors même que mon taux de cholestérol me semble acceptable? Retour sur les idées reçues en matière de traitement anti-cholestérol.

  • Prescrites à bon escient, les statines sont indispensables. 123RF

    Prescrites à bon escient, les statines sont indispensables. 123RF

Il a y a le bon, et il y a le mauvais. Depuis de nombreuses années, on sait qu’un taux élevé de « mauvais» cholestérol dans le sang se traduit par un risque accru de problèmes cardio-vasculaires (attaques cardiaques ou cérébrales, artères bouchées, etc). Et bonne nouvelle, il existe des médicaments capables de faire diminuer ce taux. Ce sont les fameuses statines. Prises correctement et sur la durée, ces dernières permettent une baisse significative du cholestérol et diminuent tout aussi significativement le risque de faire ou de refaire un jour un problème cardio-vasculaire. Seulement voilà : quand faut-il y avoir recours, à une époque où les patients ont souvent l’impression de devoir absorber plus de médicaments que de besoin?

La réponse est relativement simple: Pour toutes les personnes qui ont déjà souffert de maladies du cœur ou des artères, la prise de statines est impérative et leur efficacité prouvée. L’autre cas tout aussi indiscutable est celui des hypercholestérolémies dites familiales et dont un des membres de la famille a déjà souffert d’une maladie liée au cholestérol. Ces hypercholestérolémies sont fréquentes (une personne sur 200!) et le paradoxe, c’est que ces personnes, bien que ne présentant aucun antécédent et aucun symptôme apparent ont un grand bénéfice à se traiter avec des statines.

Zone grise

Et puis enfin, il y a une zone grise. Car une réflexion s’impose pour toutes les personnes qui n’ont également pas de symptômes ni d’antécédents, mais qui présentent ce que l’on appelle un facteur de risque: hypertension artérielle, âge élevé, mauvaise hygiène de vie, tabagisme, etc. Pour prendre la décision de prescrire un médicament, les médecins ont recours à un algorithme qui permet d’évaluer la probabilité d’un futur accident cardio-vasculaire.

Selon les résultats de cette évaluation et en tenant compte du fait que l’amélioration du régime alimentaire suffit rarement à baisser à elle-seule le mauvais cholestérol, un traitement à base de statine pourra être proposé à la personne, en association avec une amélioration de son hygiène de vie et bien entendu l’arrêt du tabac en cas de tabagisme.

Dans tous les cas, un bon réflexe s’impose: tester régulièrement son taux de cholestérol sanguin et faire appel à un médecin, seul apte à décider si la mise en route d’un traitement est nécessaire ou pas.

Avis du spécialiste - David Nanchen

Dr David Nanchen

Spécialiste FMH en médecine interne

Responsable de la consultation de prévention cardiovasculaire – cholestérol et style de vie

Policlinique médicale universitaire, Lausanne.

Les statines ont-elles fait la preuve de leur efficacité pour diminuer le taux de mauvais cholestérol?

Sans aucun doute. Toutes les études montrent que les statines diminuent le risque de faire ou de refaire un accident cardiovasculaire pour les patients dont l’indication est clairement posée. En outre, il s’agit d’un médicament très sûr que l’on connaît depuis plus de deux décennies, qui a montré sa sécurité sur le long terme et dont le coût est désormais réduit avec l’arrivée des génériques. La vraie difficulté, c’est que les statines n’agissent que si elles sont prises à long termes, sur plusieurs années. Or les patients qui en ont le plus besoin ont de la peine à les prendre sur le long cours, et c’est clairement là que réside aujourd’hui le véritable enjeu pour nous médecins : faire preuve de pédagogie pour convaincre les patients de se traiter sur le long cours.

N’y a-t-il pas non plus un enjeu en matière de dépistage?

Oui, bien sûr. Dès l’âge de 40 ans, un dosage du taux de cholestérol est indiqué pour tout le monde, et bien avant s’il y a des antécédents familiaux de taux élevés ou de maladie cardiovasculaire.