Les coulisses de la Coupe du monde de football

  • Nadia Boehlen,  porte-parole d’Amnesty International Suisse dr

    Nadia Boehlen, porte-parole d’Amnesty International Suisse dr

La Coupe du monde de football 2018 est l’occasion pour le président Vladimir Poutine, dont le quatrième mandat court jusqu’en 2024 (!), de vanter une Russie qui «avance dans la bonne direction». Des milliards de personnes suivront l’un des matchs de la grande messe du football. Mais combien s’intéresseront à ce qui se passe loin des gazons coupés à ras et des discours pompeux du président russe?

La Russie offre un bilan sombre en matière de droits humains. Le climat répressif qui y sévit depuis plusieurs années met particulièrement à mal les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique. Amnesty International dénonce régulièrement les contraintes limitant les rassemblements, un recours abusif à la force, les arrestations et détentions arbitraires ou les effets de la loi contre la propagande homosexuelle, qui alimente les violences et les discriminations dont sont victimes les personnes LGBTI.

Or, les méga événements sportifs s’accompagnent souvent de risques accrus de violations des droits humains. Et en Russie, le président Poutine a déjà prouvé lors des Jeux olympiques de Sotchi qu’il n’a pas peur d’enfermer les personnes critiques si son pays doit briller sous les feux de la rampe.

Si les autorités russes portent la responsabilité pour les restrictions des libertés publiques, un autre acteur doit aussi jouer son rôle: la FIFA. En mai 2017, la faîtière a adopté une politique des droits humains, et elle a récemment instauré un mécanisme de plainte auquel les militants de la société civile et les journalistes peuvent faire appel pour chercher une protection. La Coupe du monde représente un test de vérité pour les promesses de la FIFA. Saura-t-elle user de son influence pour protéger les droits humains et la liberté de la presse en Russie?