Melgar, le deal, et les bien-pensants

Il a eu le courage de dire non. Non au deal de rue à Lausanne! Aujourd’hui, il en paye le prix: réputation entâchée, pluie de critiques sur les réseaux sociaux et dans la presse, mise à l’écart de son milieu professionnel. Depuis que Fernand Melgar a osé sortir du bois en dénonçant ce qu’une très large majorité de Lausannois rapportent eux-mêmes depuis longtemps, le voilà voué aux gémonies et obligé même de renoncer à un poste d’enseignant à Genève.

Mais qu’a donc fait celui à qui on doit, notamment, le choc de «La Forteresse», ce brillant documentaire sur le centre d’hébergement et de procédure de Vallorbe, qui éclairait avec sensibilité et intelligence la manière dont la Suisse reçoit - souvent mal - les requérants d’asile? Rien! Il a seulement pris la parole pour dénoncer une situation inacceptable, photos à l’appui, et le voilà traité de vendu, de délateur, pire, de raciste, puisque les dealers en question sont... noirs.

Facho et collabo, Fernand Melgar! Le pire, c’est que la critique vient essentiellement de son milieu professionnel et d’élèves de l’école dans laquelle il devait enseigner, la HEAD, la Haute Ecole d’art et de design. Dans une lettre ouverte qui lui a été adressée, les mots utilisés sont durs et injustes. Bien loin en tous cas de ce qu’on est en droit d’attendre d’un milieu dans lequel le débat d’idées devrait primer sur une forme d’intolérance, inacceptable en l’état. Et c’est sans doute ce qui choque dans cette affaire, mais sans vraiment étonner: la bien-pensance ambiante court les rues et démontre souvent que ceux qui veulent se montrer plus justes, plus solidaires, plus tolérants et plus ouverts, ne sont souvent ni ouverts, ni tolérants, ni solidaires, ni justes.