Jacky Delapierre: «Athletissima, c’est le 5 juillet, mais aussi le 4!»

  • Le 5 juillet prochain, le stade de La Pontaise va vibrer une nouvelle fois au rythme d’Athletissima. La veille, le 4, le saut à la perche messieurs aura lieu à Ouchy. Une première.
  • Vingt-et-un champions du monde ou olympiques en titre et dix athlètes suisses présenteront un superbe spectacle.
  • Grand patron de ce rendez-vous fort couru, Jacky Delapierre nous dit tout sur la passion qui le guide depuis des années dans son organisation.

  • Jacky Delapierre. VERISSIMO

    Jacky Delapierre. VERISSIMO

«Je suis un homme de défi et dans l’affect, tout le temps. Je n’aime pas voyager seul.»

Lausanne Cités: Tant d’années passées à la tête d’Athletissima et toujours aussi débordant d’activités et d’idées. Quel est votre secret?

Jacky Delapierre: La passion. J’ai la passion des gens et des choses, toutes les nouveautés m’intéressent. Je suis curieux de nature. Je «pique» des idées quand je voyage, elles m’accompagnent. Fréquemment je me demande comment je pourrais les mettre en pratique dans mon environnement.

En plus de vos responsabilités dans l’organisation de ce meeting, vous présidez aussi l’organisation de la Fête du blé et du pain. Ça fait beaucoup pour un homme qui va fêter ses 66 ans le 2 juillet prochain...

Oui, c’est beaucoup de boulot. Mais j’aime ça. Je suis un homme de défis et dans l’affect, tout le temps. Je n’aime pas voyager seul.

Vous avez parcouru le monde. Organiser une manifestation, ou plusieurs à la fois, n’est-ce pas une façon aussi de voyager?

C’est beaucoup plus qu’un voyage, c’est un challenge, qui peut être facilité avec l’expérience que j’ai. Je profite de la vie, j’aime organiser en fonction de mes envies, surtout avec des gens que j’aime. J’essaye de leur faire partager des choses que j’ai acquises par des situations vécues.

On comprend mieux pourquoi vous n’aimez pas voyager seul...

Oui, je les entraîne dans des aventures. Je donne la ligne puis je tisse une relation avec les personnes qui m’entourent.

Vous êtes un patron, un terrien, un épicurien, un amoureux perpétuel. Mais avez-vous un caractère facile?

Je n’ai pas un caractère difficile, simplement il est important que les gens sachent comment je fonctionne. Dès fois ça sort, c’est vif, ce n’est pas très agréable pour la personne visée ou le groupe concerné. J’admets que la manière n’est pas toujours bonne ni adéquate mais après on me dit: «Finalement Jacky, tu avais raison.» Quand mon ton monte, ce n’est pas pour embêter qui que ce soit. L’idée est de construire, toujours. Toute directive émane d’un dysfonctionnement.

Le regrettez-vous parfois?

Non, dans la mesure où c’est mon cœur qui parle. Il a le droit de s’exprimer et de dire ce qu’il pense.

Cette année, la construction du plateau d’Athletissima s’est-elle avérée un peu plus compliquée que l’année précédente?

Le monde a changé. On vit dans l’immédiateté. Les gens veulent tout tout de suite. En même temps, on est aussi dans la réflexion, qui ne nous arrange pas forcément. Aujourd’hui, si on nous dit oui, on nous demande de finaliser plus tard...

Par conséquent, c’est plus compliqué...

Il faut capter autrement, de manière différente, la façon de penser des gens. A nous de trouver des idées, de les séduire pour qu’ils passent directement à l’acte d’achat. Ou qu’ils le notent dans leur agenda pour s’en rappeler.

Avez-vous toujours besoin de têtes d’affiche?

La carrière d’un athlète est plus courte qu’avant. Il y a des jeunes qui sont très vite très forts. Cela étant, les managers américains, par exemple, qui nous en imposent, n’ont pas compris qu’il y a moins d’argent qu’avant.

Est-ce vous qui fixez les sommes d’engagement?

Oui, et je m’y tiens. En principe. Il s’agit d’une question de crédibilité. Souvent, on me dit: «OK, mais ailleurs on touche tant.». Je réponds: «Chez moi, c’est comme ça!»

Athletissima aura lieu le jeudi 5 juillet. Est-ce une date idéale?

Elle l’est, car ce jour-là, il n’y aura pas de match de football. Plus sérieusement, les athlètes africains doivent se qualifier en vue de leur championnat national. Du coup, le 5000 mètres servira de qualification. Comme d’autres disciplines, dans l’optique des Européens de Berlin, en août. Une nouvelle fois, la densité sera extraordinaire. Le plateau présenté permet d’offrir ça.

Qu’est-ce qui fait le succès toujours plus grandissant d’Athletissima, notamment auprès des athlètes?

Le cadre, la beauté du bord du lac, l’hôtel Mövenpick sont des atouts maîtres. Sa crédibilité aussi. Nous avons l’argent pour payer les athlètes comme il se doit, tout de suite. Ailleurs ce n’est pas toujours forcément le cas. Après il faut avoir un peu de chance. Je pense surtout à la météo. Je la consulte toutes les heures.

Cette année, vous êtes-vous permis le luxe de refuser des athlètes?

Oui, bien sûr mais ce n’est pas nouveau. Je n’ai que 8 couloirs (il sourit). Je donne la chance aux jeunes.

Et les Suisses?

L’élite sera présente et au complet (A l’exception de Kariem Hussein, dont le nerf sciatique est enflammé, ndlr). Les Suisses ont leur place. Ils ont tous le niveau de la Diamond League.

Le 4 juillet à Ouchy, veille du meeting, il y aura le saut à la perche des messieurs qui sera retransmis en direct à la TV, avec vue sur le lac. Une première...

Pour la première fois, on sortira effectivement du stade. En 2020, la Ligue de diamant obligera les organisateurs de ses meetings à se délocaliser, à présenter un spectacle dans

le cœur de la ville. Prêtée gratuitement, la fan zone réservée au Mondial de football servira d’écrin.

On imagine que cela a un coût.

Pour le public (environ 4000 places), ce sera gratuit. Sinon, ça nous coûtera grosso modo 130’000 francs, ce qui est très peu compte tenu du décor, dont 80’000 francs de prize money.