Le foot, la politique et la FIFA

Pas besoin d’être un aficionado de football pour avoir vibré, en fin de semaine dernière, à l’exploit des Suisse face à la Serbie. Du grand art, plus même, une dramaturgie qui aura duré jusqu’à l’ultime minute... la 90e quand Xherdan Shaqiri inscrivit le but de la victoire pour la Suisse.

Et puis, il y a eu cette débauche d’émotions, ce surplus de tension qui éclate soudainement, le cœur qui parle et ce geste, repris par Granit Xhaka et... le capitaine Stephan Lichtsteiner: les bras croisés sur la poitrine pour figurer l’aigle albanais.

Un geste qu’on peut difficilement isoler de son contexte. Car même si les deux sélectionneurs natifs de Bosnie-Herzégovine, Vladimir Petkovic pour la Suisse et Mladen Krstajic pour la Serbie, se sont refusés à accréditer l’idée d’un «derby» entre les deux pays, sur le terrain en tout cas, cela en avait tout l’air. Il suffisait de voir Mitrovic narguer le «Kosovar» Shaqiri après un dribble manqué ou entendre les insultes et les puissants sifflets d’un stade acquis à la Serbie sur chacune de ses prises de balle, pour s’en rendre compte.

Les bras croisés sur la poitrine ont été une réponse à ces provocations. Etait-ce un message prémédité et sciemment politique? En ne suspendant pas les trois joueurs incriminés, mais en les amendant simplement, la FIFA a tranché en disant clairement non. Ouf de soulagement! C’est donc une équipe suisse au grand complet qui va pouvoir poursuivre sa quête de victoires en Russie.

Reste la polémique qu’a suscitée cette affaire où beaucoup, ici même, ont fait le procès en «suissitude» de Shaqiri et Xhaka, mettant en doute leur identité. Un procès qui fleurait bon le nationalisme de bas étage, mais ne doit pas nous faire oublier que la Suisse est une mosaïque, un pays multiculturel, et que cette équipe, aujourd’hui, en est tout simplement une magnifique illustration.