Stade de la Tuilière: un stade pour tous, ou tout pour INEOS?

  • Xavier Company, Co-Président des Verts lausannois et conseiller national

    Xavier Company, Co-Président des Verts lausannois et conseiller national

La Municipalité de Lausanne a récemment annoncé plusieurs accords conclus avec le Lausanne-Sport et son nouveau propriétaire, INEOS, géant mondial de la pétrochimie, liant définitivement l’image de la Ville avec celle d’une entreprise aux multiples scandales écologiques. Elle aurait non seulement accepté des modifications importantes imposées par INEOS sur le projet du stade de la Tuilière, mais également octroyé la gestion entière de ce stade à INEOS pour les quinze prochaines années! C’est donc un seul club (et son propriétaire pétrolier) qui aura l’exclusivité de la gestion, de l’utilisation et des bénéfices d’un stade financé à hauteur de 76 millions de francs par la collectivité publique.

Le contenu des accords reste secret, malgré les interpellations des Verts, auxquelles la Municipalité n’a jamais répondu par écrit, et seulement très vaguement par oral. Les modifications du projet - qui seront coûteuses sur le long terme - se sont faites en catimini, alors que le projet de stade avait été accepté par consensus entre les partis lausannois, de gauche comme de droite. Malgré nos requêtes, la Municipalité n’a jamais accepté de repasser devant le Conseil communal. Avait-elle peur que nous refusions de la suivre dans son «pacte avec le diable»?

Ce dossier montre malheureusement les deux facettes de la politique du sport à Lausanne, avec d’un côté l’énorme travail effectué par la Ville en faveur du sport pour tou-te-s, au travers notamment de ses événements, et de l’autre une confiance aveugle faites au deux clubs phares, pour lesquels des millions sont investis sans que l’on puisse connaître les contreparties ou les raisons de tels privilèges. La frontière entre ce qui est public, et donc pour tou-te-s, et ce qui est privé devient floue et met en danger les investissements de la Ville.