Les minorités dans les polices peuvent attendre

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RECRUTEMENT • En matière de recrutement de nouveaux policiers, l’origine ethnique des candidats ne nous intéresse pas» affirme Jean-Christophe Sauterel, porte-parole de la police vaudoise. Que ce soit la police de Lausanne, celle du Valais, de Genève, Neuchâtel ou Fribourg, toutes sont unanimes sur ce point: aucune d’entre elles ne tient compte de l’origine ethnique des futurs candidats. «Les critères qui intéressent la police pour un futur engagement sont de bonnes conditions physiques et psychiques, être motivé, être de nationalité suisse ou avoir un permis C et être en processus de naturalisation» détaille Jean-Luc Piller, conseiller en communication de l’académie de police de Savatan qui forme la grande majorité des policiers romands.

A titre d’exemple, Pierre-Louis Rochaix, porte-parole de la police neuchâteloise, estime à environ 20% le nombre de policiers neuchâtelois issus de pays étrangers, avec seulement 3 personnes originaires d’une minorité ethnique «visible», ceci dans un canton d’environ 178 000 habitants. La mixité au sein du corps de police de ce canton semble donc une vue de l’esprit, alors que les autres cantons romands n’ont pas voulu donner de chiffre précis.

Discrimination

«Une diversité ethnique visible au sein de la police romande pourrait favoriser le respect de la population envers ces personnes, mais aucun changement dans cette direction n’a été entrepris» s’attriste André Loembé directeur du CRAN, le Carrefour de réflexion et d’action contre le racisme anti-noir à Lausanne. Peu de changements donc, malgré un léger effort entrepris pour favoriser l’intégration des minorités ethniques visibles au sein de la population suisse. André Loembé déplore que «depuis 2004, des rapports sont publiés dans le but d’améliorer l’intégration de ces minorités, mais aucune amélioration concrète n’a été ressentie. Et ils continuent chaque année à réitérer ces rapports, sans se soucier des changements» s’insurge-t-il.

Violence policière

Alors que la présence de minorités ethniques visibles au sein de la police romande pourrait améliorer l’entente entre la police et la population suisse, plusieurs policiers ont été au cours des dernières années accusés de racisme et de « violents » débordements envers certaines personnes, même si Jean-Christophe Sauterel, porte parole de la police vaudoise, assure que les violences policières sont «inexistantes». «Arrêtez de croire tout ce que les gens disent. Les policiers lausannois suivent à la règle notre code de déontologie.» Un avis que ne partage pas du tout André Liembé. « La violence policière envers les minorités ethniques visibles est en augmentation et cela depuis plusieurs années» conclut-il.