«Il est hors de question d’alléger la lutte contre le deal»

SÉCURITÉ PUBLIQUE• La Municipalité de Lausanne vient de présenter son plan d’action de sécurité publique 2018-2021. Au cœur de cette démarche, la volonté de mener une politique cohérente, centrée sur la proximité et la coordination entre partenaires. Entretien avec le Municipal en charge du dossier Pierre-Antoine Hildbrand.

  • Pierre-Antoine Hildbrand. DR

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Lausanne Cités: Le mot d’ordre de cette stratégie sécuritaire 2018-2021, c’est le mot «proximité». Qu’est-ce que cela signifie très concrètement?

Pierre-Antoine Hildbrand: La police de Lausanne doit à la fois assurer un rôle préventif et réagir immédiatement face aux urgences. Il faut donc être présent et visible dans la rue et intervenir immédiatement lors des appels au secours au 117. Concrètement, tous les nouveaux agents devront effectuer ces deux types de missions lors de leur année d’intégration dans le Corps de police lausannois. Nous voulons également renforcer la prévention auprès des mineurs, notamment dans les classes et nous appuyer sur la connaissance fine du terrain de la Police judiciaire.

 

Et pour cela, vous allez renforcer vos effectifs…

Malgré la situation financière délicate de la Ville, la police verra ses moyens renforcés. Il s’agit en 2021 d’atteindre un total de 500 policiers, soit 25 postes à plein temps supplémentaires. Le rôle des îlotiers sera accru. La sécurité des Lausannoises et des Lausannois et la préservation des espaces publics de jour comme de nuit sont des missions prioritaires pour la Municipalité.

 

Peut-on dire, sur cette base, que la pression exercée sur les milieux du deal, comme c’est le cas depuis quelques mois, va se prolonger?

C’est évident. Le dispositif de lutte contre le deal de rue est pour l’instant une réussite. Il est hors de question de l’alléger. La police agit à deux niveaux : par la présence continue en force dans la rue et par des arrestations dans des squats ou au moyen d’achats fictifs notamment.

 

Vu les premiers résultats obtenus, extrêmement positifs et dont la population semble se réjouir, est-ce que vous ne regrettez pas un peu d’avoir tardé à serrer la vis?

Le deal de drogue est un sujet d’actualité depuis presque 20 ans. Il est encore trop tôt pour juger si les résultats sont durables, mais un serrage de vis était nécessaire. Il implique toutefois des effectifs et une planification importante. Ce ne sont pas moins de l’équivalent de 40 policiers qui sont mobilisés sur cette action d’une ampleur et d’une durée inédite à Lausanne.

Il y le deal, mais aussi le harcèlement de rue. Une problématique d’actualité, mais plus difficile toutefois à appréhender. Comment comptez-vous y répondre pratiquement ?

Là aussi, la présence des policiers dans la rue, en particulier lors des soirées de week-end sont un bon début de réponse. La collaboration avec les correspondants de nuit et les partenaires comme les clubs et les transports publics permettent d’espérer une meilleure prise de conscience de tous. La prévention dans les écoles et la sensibilisation des policiers aux dénonciations dans ce domaine font espérer des progrès à l’avenir.

 

Plus généralement, vous en appelez aussi à plus de collaboration avec les acteurs locaux et cantonaux. A qui pensez-vous en particulier et comment entendez-vous agir dans ce contexte?

Il faut détecter les signaux faibles et anticiper les phénomènes indésirables. Les échanges d’information avec d’autres services de l’administration et les acteurs privés sont cruciaux pour, par exemple, lutter contre l’extrémisme violent. Nous inscrivons la politique sécuritaire lausannoise dans le Plan d’action cantonal et collaborons pleinement avec tous les partenaires de la chaîne pénale, en particulier avec la Police cantonale et les 8 autres polices communales, notamment lors des grandes manifestations.