Les commerçants divisés

LA SALLAZ-PLAGE • Début juillet, pour lutter contre la désertification du quartier en plein travaux, autorités et commerçants décidaient de transformer la place de la Sallaz en une gigantesque plage. Au terme de la période estivale, certains s'en réjouissent, d'autres n'hésitent pas à parler d'une opération ratée.

  • La Sallaz-plage: une réussite pour les uns, un ratage pour les autres.

    a Sallaz-plage: une réussite pour les uns, un ratage pour les autres.

Nom de code Scuba, en référence au premier scaphandre autonome. Un joli nom et un joli clin d'œil pour une opération qui visait à plonger les visiteurs de la Sallaz dans un total dépaysement durant l'été. Seulement voilà! Au terme de la période estivale, Scuba ne semble pas avoir répondu à toutes les attentes: les parasols géants installés pour l'occasion, comme les tables basses, les lauriers roses et les 300 tonnes de sable amenés à grand frais, divisent. Pour certains, ils reflètent la volonté d'un quartier de vivre malgré les lourds travaux qui y sont engagés, pour d'autres une opération tout simplement ratée.

De rares visiteurs

«C'est une vraie catastrophe», estime ainsi Poornanandsingh Hunkar, le patron de la Brasserie de la Sallaz. «Non seulement les visiteurs ont été rares mais, de plus, ils consomment sur place ce qu'ils ont acheté dans les grandes surfaces. Ils boudent ma terrasse.» Même son de cloche à l'Amica, la pizzeria toute proche. Même si la patronne, Manuela Alves, refuse de parler de catastrophe, elle évoque toutefois une opération qui n'a pas vraiment permis d'attirer le chaland. «J'ai vendu quelques pizzas à l'emporter qui ont été consommées sur la plage, mais c'est tout, tient-elle à préciser. Pour le reste, pas de clients supplémentaires, ceci d'autant plus que les travaux en cours ont encore nécessité la fermeture de la route d'accès au parking durant quelques jours. Le seul gain de cette opération, c'est qu'elle a permis de rendre la place plus jolie.»

Un lieu convivial

Voix discordante, parmi d'autres, celle de la jeune tenancière de la buvette installée au milieu de la plage. «Ce n'est pas la foule durant la journée, admet-elle, mais à la pause de midi et pour les afterworks, il y a une belle ambiance. Moi, dans tous les cas, je suis ravie et les affaires marchent plutôt bien.» Président de l'Association des commerçants de la Sallaz et patron d'un magasin d'optique, Pierre-Alain Herdé tient pour sa part à parler d'opération pleinement réussie. «Notre but n'était pas, en quelques semaines, de permettre aux commerçants de faire fortune, mais de transformer la place en un lieu convivial, de la faire vivre malgré les travaux et d'inciter les gens à y venir. Il y a eu de belles rencontres et de belles animations.» Et d'ajouter: «Les commerçants avaient une super carte à jouer. Pour ceux qui se sont montrés innovants et sont allés à la rencontre des clients, le bilan est positif, pour ceux qui n'ont rien voulu changer à leurs habitudes, il l'est certainement moins. C'est dommage pour eux». Ce coup de marketing sera-t-il reconduit? Trop tôt pour le dire estime celui qui en est aussi l'un des instigateurs: «Cette opération doit officiellement prendre fin le 5 octobre. Nous tirerons alors un bilan définitif.»