Un «dispositif d'accueil» pour sauver la Riponne

INSÉCURITÉ • Les différents événements qui se sont déroulés sur la place de la Riponne de Lausanne ont ravivé les peurs et le débat sur un lieu d'accueil pour les marginaux. Ni bistrot social, ni local d'injection, un dispositif d'accueil sera présenté fin novembre.

  • Actuellement, la place de la Riponne attire de nombreux marginaux et dealers qui peuvent être violents.

    Actuellement, la place de la Riponne attire de nombreux marginaux et dealers qui peuvent être violents.

La Riponne? N'en parlez pas aux Lausannois qui fuient la place autant que se peut. A l'exception du mercredi et du samedi, jours de marché, un sentiment d'insécurité règne sur cette place squattée par des marginaux, des toxicomanes et des dealers. «C'est nul, mais à chaque fois que je vais prendre le m2 à la station Béjart, je tiens mon sac fermement, j'accélère le pas et je baisse le regard pour éviter de me faire interpeller», confie une jeune étudiante.Les différents événements, notamment la bagarre sanglante et le caillassage des policiers qui se sont produits mi-septembre ont ravivé les peurs et relancé le débat. Si l'intervention massive des policiers pour appréhender les dealers a prouvé que la Municipalité lausannoise est consciente du problème, elle n'a cependant rien résolu. Le lendemain déjà, les trafiquants étaient revenus…

Pas de bistrot social

Pour le parti radical lausannois, la situation est «la conséquence de la gestion du problème par la majorité de gauche. Cette place est le résultat d'années où on a admis et laissé en l'état une situation intolérable», souligne son vice-président Mathieu Blanc. Selon lui, il est aujourd'hui primordial de trouver une solution d'accueil qui réponde aux besoins, de manière à rendre la Riponne aux citoyens.Cette solution est attendue avec impatience. En mains de l'Etat de Vaud et de la Municipalité lausannoise, son élaboration a été confiée à trois organismes, la Fondation des Oliviers, qui a collaboré avec la fondation vaudoise contre l'alcoolisme et la division Abus de substance du CHUV. Initialement, le projet devait être dévoilé en septembre, mais rien ne filtre. Tous les protagonistes renvoient à la Municipalité lausannoise. «Un peu de patience» lâche Oscar Tosato. Le Municipal en charge de l'enfance, la jeunesse et la cohésion sociale annonce que le projet sera finalement dévoilé au mois de novembre. «Tout est pratiquement prêt. Mais quand on met en place un tel dispositif, il doit être accompagné de mesures sécuritaires», ajoute-t-il.

Pas d'impunité pour les dealers

De sa structure, le Municipal ne veut rien dévoiler. «Ce ne sera ni un local d'injection, ni un bistrot social. J'ai voulu respecter la volonté des Lausannois. Il a donc fallu imaginer un dispositif d'accueil qui tienne compte de cela mais qui puisse prendre en charge des personnes en grande précarité, des toxico-dépendants. Ce n'est pas le respect de la condition humaine que de laisser des gens vivre comme ça à la Riponne», insiste Oscar Tosato. Il ne cautionne pas pour autant les déprédations et actes de violence commis ces dernières semaines: «Il y a des incivilités qu'on ne peut accepter. D'où la mise en place de mesures sécuritaires qui sont actuellement étudiées. Il s'agit d'offrir une porte de sortie à cette grande précarité tout en n'offrant aucune impunité pour les dealers». Ce «dispositif d'accueil» serait-il la clé du problème pour la Riponne? «Je l'espère, soupire Oscar Tosato, mais il faudra de la patience. Ce genre de problème ne se règle pas du jour au lendemain».