Taxe poubelles: Les communes prises de court

- 10 à 25 % des communes vaudoises ne seront pas prêtes le 1er janvier 2013, date de l'entrée en vigueur des dispositifs incitant au tri des déchets.
- Certaines d'entre elles souhaitent mieux réfléchir aux modalités d'application et de compensation sociale de la «taxe poubelle».
- Après des années d'attentisme, le canton aurait fixé un délai beaucoup trop court pour permettre aux communes de faire leur travail.

  • Des déchets de plus en plus encombrants. DR.

    Des déchets de plus en plus encombrants. DR.

TAXE AU SAC • En pays de Vaud, on a pour habitude de se hâter lentement. Et puis lorsqu'on se décide enfin à se hâter vraiment, on prend un peu tout le monde par surprise. C'est ce qui vient d'arriver à de nombreuses communes vaudoises, prises de court par l'introduction de la «taxe au sac», prévue pour le 1er janvier prochain. Selon les chiffres fournis par le Service cantonal des eaux, sols et assainissement, sur les 250 communes qui devaient mettre en place un système complet de financement des déchets, 25 ont d'ores et déjà annoncé avoir reporté la date d'introduction de la taxe, alors qu'au moins 75 n'ont pas encore clarifié leur position.«Les choses évoluent pourtant très vite, constate Etienne Rüegg, responsable du Service des eaux, sols et assainissement. Plus de 150 communes ont déjà soumis un projet de règlement, et un tiers d'entre elles ont déjà fait adopter ce règlement par leur législatif».

Logistique

Plusieurs éléments concourent à expliquer l'ampleur de ces retards. En premier lieu, le fait que de nombreuses communes n'avaient pas anticipé la décision du Conseil d'Etat, et se sont retrouvées avec à peine quelques mois pour adapter le tri des déchets à leurs réalités. Certaines doivent encore mener à son terme le processus législatif, d'autres n'ont même pas encore choisi les modalités à privilégier, entre la taxe au sac ou la mise en place de containers avec cartes d'accès électroniques.Autant d'éléments qui ont fait ruer dans les brancards Marianne Huguenin, syndique de Renens, qui à l'instar d'une dizaine de communes du district de Nyon a également repoussé la date d'entrée en vigueur des nouvelles dispositions au courant de l'année 2013, voire carrément à 2014. «C'est un dossier qui me fâche un peu, s'insurge-t-elle. Tout d'un coup, après des années d'attente, on fait preuve de précipitation, sans même nous laisser prendre le temps de mettre en place une solution régionale ou même cantonale, ce qui aurait été vraiment souhaitable. C'est vraiment incompréhensible!»«C'est très vaudois, on ne fait rien, puis on va beaucoup trop vite, observe de son côté Cyrille Perret, le municipal pranginois en charge des déchets. Depuis l'arrêt du Tribunal Fédéral en 2011, il a fallu travailler très vite et pas forcément très bien. On ne va tout de même pas faire comme si le TF allait envoyer ses troupes pour remettre de l'ordre dans les communes de la Côte!» Et d'ajouter: «Il y a toute une logistique à mettre en place. Si par exemple on choisit la taxe au sac, il faut penser à mettre en place une infrastructure pour permettre aux citoyens de trier les déchets!»

Antisociale

L'autre grande zone de retards est incontestablement la Riviera, où 10 communes, dont Vevey et Montreux, ont également reporté à janvier 2014 l'entrée en vigueur du dispositif. «Cette décision a été prise de concert, explique Caleb Walther, municipal montreusien. Le canton a mis du temps à bouger et les délais sont trop serrés dès lors que nous souhaitons une coordination régionale pour avoir le même système partout!»Au-delà des contraintes logistiques enfin, certaines résistances trouvent clairement leur origine dans les atermoiements de certaines communes qui jugent la taxe antisociale. « A Prangins, c'est également une de nos préoccupations, explique encore Cyrille Perret. Il nous faut trouver des moyens pour que les familles avec enfants en bas âge et les personnes à revenus modestes ne soient pas pénalisées par une réglementation qui s'adresse à tous!»