ROSEBUD - Un déni démocratique?

ROSEBUD • Le nouveau décret adopté par le Grand Conseil annulant le référendum contre le projet «Rosebud» continue de faire des vagues. Les défenseurs des droits démocratiques dénoncent un déni de justice et entendent porter l'affaire devant la Cour constitutionnelle.

  • En adoptant un projet de toit du Parlement remanié, les députés ont ainsi annulé le référendum «Non au toit!».

    En adoptant un projet de toit du Parlement remanié, les députés ont ainsi annulé le référendum «Non au toit!».

«Ce que nos élus du législatif et de l'exécutif cantonal ont orchestré tient du déni au sens étymologique du terme. Annuler un décret pour annuler un référendum, même dans les républiques bananières, le gouvernement n'oserait pas!», fustige Eric Magnin. Le président du Mouvement pour la défense de Lausanne lance un nouveau coup de gueule.

Du bricolage

Et si ce n'est pas contre la forme et la couleur du toit du futur Parlement vaudois, c'est contre la manière dont ont procédé les députés pour éviter que le peuple se prononce sur le sujet: «Cette magouille entre membres des différents partis, représentés ou non dans le comité référendaire, et ceux de l'exécutif cantonal n'est pas acceptable. Les Vaudois doivent voter. Ce bricolage de dernière minute est une tentative pour faire passer la pilule!», lance-t-il.

«On s'est fait avoir»

Membre du comité référendaire, Eric Magnin n'est pas le seul à s'offusquer du procédé jugé peu démocratique pour éviter que les Vaudois ne votent. Certains députés sont eux aussi très fâchés par ce revirement. Mais, ils ne l'évoquent qu'à demi-mots et sous couvert de l'anonymat. «On a bien senti que certains tiraient les ficelles en amont pour désamorcer le référendum. On a l'impression de s'être fait avoir», confie l'un deux.C'est l'ancien député Vert Pierre Santschi qui ose dire tout haut ce que certains pensent tout bas: «La magouille Rosebud est une honte, qui plus est anticonstitutionnelle. Avec ce précédent, il suffira désormais de changer deux virgules dans un projet contesté par référendum pour qu'on le soustraie à la décision populaire. Un référendum n'est pas une initiative! Selon la Constitution, on ne peut pas retirer une demande de référendum une fois que les signatures ont été reconnues valables», argumente-t-il.

Conscience tranquille

Membre du comité référendaire, le PLR Pierre-Antoine Hildebrand a finalement adhéré au nouveau projet Rosebud, rendant ainsi le vote populaire inutile. «Sur le fond, nous avons étudié les différentes possibilités et essayé de choisir celle qui représentait le moindre mal», relève-t-il. Et de préciser: «Cette procédure n'est pas scandaleuse. Un référendum abouti n'implique pas forcément un vote. Ce que le Grand Conseil a fait, il peut le défaire, suivant les mêmes formes», explique-t-il.A ceux qui lui reprochent d'avoir tourné sa veste et d'avoir été manipulé par Pascal Broulis il répond: «Au départ, il y avait peu de monde pour lancer ce référendum, car tous prédisaient qu'on allait vers l'échec. Or, quand il a abouti, tout à coup, beaucoup nous ont suivis. Quant aux soi-disant pressions, je crois avoir donné à plusieurs reprises la mesure de mon indépendance. J'ai la conscience tranquille».

Jusqu'à la Cour constitutionnelle ?

Les défenseurs des droits démocratiques n'entendent pas en rester là. «Nous avons demandé conseil à un avocat. Nous souhaitons porter cette affaire devant la Cour constitutionnelle», souligne Eric Magnin. L'objectif? Utiliser tous les moyens pour que le référendum aboutisse. Quitte à lancer un nouveau référendum ? « Non, car ce serait rentrer dans le jeu et accepter cette façon de faire illégale. On veut juste que ces 16'000 signatures ne passent pas à la trappe, c'est légitime non ? » .