Des motos frontalières quisèment la zizanie…

OUCHY • S'il y a un endroit que les motards évitent durant le week-end, c'est bien Ouchy. Ce site pourtant touristique et très prisé par les deux roues est le soir venu et les week-ends une gageure à qui cherche à se garer.

  • Le parc deux-roues à proximité du débarcadère d'Ouchy est squatté par des motos frontalières.

    Le parc deux-roues à proximité du débarcadère d'Ouchy est squatté par des motos frontalières.

«Pour les motards, Ouchy est devenu le lieu à éviter si on veut se garer. Toutes les places pour motos sont occupées par des deux-roues ventouses», relève Yves. Le motard est plutôt fâché. Il y a deux semaines, il a voulu s'arrêter à Ouchy pour boire un café mais n'a trouvé aucune place disponible.En cause, les motos immatriculées en France voisine. Après avoir pris le bateau de la CGN, les frontaliers utilisent leur scooter ou moto pour se rendre à leur lieu de travail durant la semaine. Une fois la journée terminée, ils les garent devant le Château d'Ouchy, avant de reprendre le bateau. Du coup, le soir venu et les week-ends, ces motos restent stationnées, empêchant les visiteurs de se garer. «Entre motards, on est solidaires, souligne Yves, mais là, c'est vraiment trop. Si le phénomène atteint son paroxysme durant l'été, il est maintenant d'actualité même en hiver».

Aucune limite de temps

«La grande majorité des pendulaires français qui arrivent par bateau chaque matin se déplacent en transports publics en utilisant notamment les rames du m2. Ce fait n'est pas nouveau. En revanche, une part plus importante de ces pendulaires utilise peut-être des deux-roues motorisés ce qui se traduit par une pression accrue à proximité des quais d'Ouchy», relève Patrick Etournaud, chef de service ad intérim du Service des routes et de la mobilité à Lausanne.Du côté de la police, si les motos stationnées hors des cases sont verbalisées, aucun contrôle quant à la durée du stationnement n'est effectué. «Les bases légales ne nous permettent pas d'intervenir pour limiter le stationnement. Par contre, si on constate que le deux-roues est abandonné, il est déplacé en fourrière», souligne Jean-Philippe Pittet, porte-parole de la police municipale lausannoise.

Relevés sur le terrain

Pas question pour autant de prendre la situation à la légère. Des relevés sur le terrain dans tout le secteur du Château d'Ouchy pour mesurer l'ampleur du phénomène seront effectués par le Service des routes et de la mobilité. «Nous avions d'ailleurs effectué une enquête majeure en 2010 avec un relevé d'occupation de tout le stationnement deux-roues dans le centre-ville», rappelle Patrick Etournaud.Consciente de la hausse du trafic deux-roues, la Ville de Lausanne a augmenté les places de stationnement pour les deux-roues, puisqu'on est passé de 6'000 places en 1990 à environ 8'000 places en 2010. «En vingt ans, le parc des 2-roues motorisés immatriculés à Lausanne a lui augmenté de manière plus marquée passant de 4'440 véhicules à 8'200. L'objectif de la ville est de trouver un équilibre entre tous les usagers de l'espace public en favorisant l'usage de la marche à pied, des transports publics et du vélo, plus écologiques que les deux-roues motorisés», poursuit Patrick Etournaud.

Pas de stationnement payant

La solution? Pour Yves, elle serait de créer un parking «spécial frontaliers» du côté de Bellerive. «Cela désengorgerait les places de stationnement devant Ouchy, quitte à instaurer une limitation de la durée de stationnement», estime le motard.«La création d'une zone spéciale frontaliers est contraire au Droit sur la circulation routière (DCR). Quant au stationnement payant ou à durée limitée, il n'est pour l'instant pas à l'ordre du jour à Lausanne», prévient Patrick Etournaud.Le Service des routes et de la mobilité fonde beaucoup d'espoirs sur le plan directeur des déplacements, en cours de révision, qui devrait fournir des outils et pistes intéressantes en la matière. «En outre, la ville de Lausanne observe avec intérêt le projet de Bâle de faire payer le stationnement deux-roues motorisé», conclut-il.