Non, la Ville ne s’engraisse pas en supprimant des places gratuites

PARKING • La politique de stationnement restrictive voulue par la Municipalité ne se traduit pas par une augmentation des recettes. La preuve par les chiffres.

  • Si de nombreuses places sont devenues payantes (ici autour du CHUV), les recettes n’ont pas augmenté pour autant. VERISSIMO

A Lausanne en une dizaine d’années, pas moins de 2500 places de parc publiques ont été biffées, passant de 22 000 à 19 500 entre 2015 et 2023. Selon les chiffres fournis par la Municipalité, les places blanches gratuites ont été réduites à 714 en 2003 contre 1000 en 2015, tandis que 1000 places blanches sont devenues payantes pour un total d’environ 4900 places en 2023.
«Pour mettre en œuvre notre politique qui vise à rendre les rues plus vivantes et à encourager les déplacements à pied ou à vélo, nous devons mieux partager l’espace public entre les personnes qui utilisent les différents modes de déplacement et cela a pour conséquence un réaménagement des places de stationnement», explique ainsi Florence Germond, municipale en charge de la mobilité.
Les amendes ont diminué
Pour beaucoup, cette politique de stationnement plus restrictive représente en outre une occasion rêvée pour la Ville de ponctionner les automobilistes et améliorer un tant soit peu les comptes communaux. Sauf que la réalité est tout autre, et les chiffres officiels fournis par la Municipalité le démontrent. Ainsi, entre 2025 et 2023, les revenus induits par les places de parking à Lausanne n’ont quasiment pas augmenté.
En 2023, les macarons ont donc généré 5,6 millions de francs de recettes (5,2 en 2015) et les horodateurs, cartes à gratter, manifestations et autres parkings de longue durée ont alimenté les caisses communales à hauteur de 11,7 millions de francs contre 11,4 en 2015.
Forte variabilité des recettes
Quant aux amendes distribuées aux contrevenants, elles ont même diminué. Du moins en ce qui concerne les dépassements de durée de stationnement autorisée, passant de 79 800 en 2015 à 74 500 en 2022. Comment expliquer un tel paradoxe? «Les recettes des places de stationnement ne sont pas proportionnelles au nombre de places, analyse Florence Germond. Cela s’explique par la très forte variabilité dans les recettes des places en fonction de différents facteurs, comme le lieu où elles se trouvent (centre-ville plus attractif que la périphérie), le type d'activités alentours (commerciales, de service, activités de courte durée, etc.), le type de places (voirie, PLD, etc.) et encore si elles sont ouvertes aux macarons ou non».
D’une manière générale, la Ville de Lausanne ne contrôle qu’environ 20% des places de stationnement, les autres étant des places privées ou à usage public dans des parkings privés, comme par exemple à la Riponne. Evidemment ces places publiques sont bien plus recherchées que les places privées, plus chères, de même que les places en surface, publiques et aussi bien que privées du reste, bien plus prisées que les places souterraines, largement sous-utilisées.