Oncle Sam et le Vieux Continent

On dépeint volontiers la politique américaine de façon binaire. Droite ou gauche, rouge ou bleu, Républicains ou Démocrates. La réalité est bien sûr nuancée. Sur le plan économique, une tendance lourde en matière de protectionnisme se dessine outre-Atlantique. Elle se renforce même depuis plusieurs années, indépendamment de la couleur politique du président.

Deux exemples permettent d’illustrer ce mouvement de fond. Dès l’arrivée de Trump au pouvoir, une large réforme fiscale était déployée dans le pays. Elle rompait avec une doctrine vieille de 50 ans pour s’engager pleinement dans une voie isolationniste déjà empruntée par les Chinois. Depuis, les entreprises relocalisant leurs activités sur sol américain bénéficient d’importants avantages fiscaux alors que celles exploitant leurs actifs en dehors du territoire national se voient pénalisées. Si cette réforme a été appliquée par le milliardaire, c’est l’administration Obama qui l’avait largement préparée.

Le président Biden poursuit aujourd’hui sur cette voie protectionniste qui aura été l’une des marques de fabrique de son prédécesseur. Très efficace, son vaste plan de soutien à l’industrie verte américaine suscite de vives inquiétudes en Europe. Automobile, chimie, énergie… des acteurs majeurs du Vieux Continent redéployent leurs activités en Amérique avec des milliards d’investissements annoncés. Pour les Européens, l’enjeu est vital : éviter la désindustrialisation de tout un continent. Mais à quel prix?