Samimé Ozem, une perfectionniste impatiente qui a su apprivoiser la vie

DURABILITE · Après une période d’intenses changements, Samimé Ozem, 32 ans, se lance en tant qu’indépendante pour accompagner les villes dans le verdissement et la piétonisation des rues. Un projet qui la passionne et qui s’inscrit dans la suite logique de son parcours «sinueux» qu’elle considère aujourd’hui comme une richesse.

«La poterie m’aide à me canaliser, à stopper mes bavardages mentaux»

C’est au Montriond, à Lausanne, à côté du Parc de Milan, que Samimé Ozem nous a donné rendez-vous. Pas par hasard. A lui seul, ce lieu lui permet d’exprimer une quantité de valeurs qui lui sont chères. «C’est un lieu où je porte mes différentes casquettes: j’y viens pour le goûter avec mon fils, boire l’apéro avec des amis, y travailler sur mon ordinateur, ou juste prendre un moment avec un bon livre. J’y fais des rencontres et ne m’y sens jamais seule.»

Se réapproprier des moments

Savant mélange entre un père turc et une mère suédoise, le sourire et la fraîcheur de Samimé sont contagieux. Séparée depuis une année de son compagnon avec qui elle a vécu sept ans, cet endroit de la ville lui a permis de se réapproprier les moments où elle se trouve seule, lorsque son fils de trois ans et demi est avec son père. «En tant que parent célibataire, je me rends compte à quel point nous vivons dans une société très individualiste.» Réussir à s’aménager des sas de décompression, des temps rien que pour elle, Samimé en a besoin. «Mais je suis parfois tiraillée entre mon envie de liberté et de non-conventionnel, et mon envie de petite tribu familiale. Pour cela, l’idée de vivre en communauté me parle de plus en plus.»

De la nature!

La verdure qui entoure le Montriond et le Parc de Milan en fait aussi un lieu apprécié de Samimé, qui vibre pour «amener plus de nature en ville». C’est d’ailleurs le but principal de l’activité professionnelle dans laquelle elle vient de se lancer: travailler sur mandat des communes, pour les accompagner dans les démarches participatives des projets de verdissement et de piétonisation. La création d’une association pour structurer cette activité est en cours de création avec son ex-conjoint - «nous ne sommes plus ensemble, mais nous sommes restés une équipe» - qui alliera approche sociologique des espaces publics et gestion de projets.

Alimentation de qualité

Depuis «Les Ripailleuses», première association qu’elle crée en 2014 avec deux amies pour démocratiser la nourriture locale au travers de restaurants éphémères, ses engagements et activités se sont concentrés sur l’environnement, la nature en ville et l’alimentation de qualité au sein de différents milieux associatifs. A Montréal, entre 2017 et 2018, elle effectue une école d’agriculture urbaine, d’où elle rentre pleine de volonté pour instaurer des projets de verdissement à Lausanne. Première expérience dans le chef-lieu vaudois: un potager urbain installé à la rue la Tour durant l’été 2020. Ce projet de l’Association Comm’une Allée Verte, dont elle était co-fondatrice, avait remporté le premier prix du concours Nature en Ville 2018.

Période charnière

Son parcours, que Samimé qualifie de sinueux, «où je me suis beaucoup cherchée», prend aujourd’hui un sens qui l’enthousiasme. Malgré des études en droit et en Haute école de gestion arrêtées en cours de route - «je n’arrivais pas à trouver du sens au sein de ces milieux, ni à me projeter dans des débouchés» - et la pression sociale ressentie au début de sa vie active, elle a osé tout lâcher pour vivre ce qui la faisait vibrer, même en étant mal payée. Elle réalise que chaque étape qui a jalonné ces dix dernières années est une pièce du puzzle qui prend forme aujourd’hui, et dont elle se sent fière.

Rester ancrée

Parmi les activités auxquelles elle aime s’adonner, il y a la poterie, qu’elle a commencé en 2020. «Cela m’aide à me canaliser, à stopper mes bavardages mentaux, et me fait travailler sur mon impatience et mon perfectionnisme. Car quand tu commences la poterie, tu ne fais pas tout de suite de beaux vases! Chaque micro-mouvement impacte la pièce, qui prend un coup. Cela oblige à rester ancrée.» Peut-être en va-t-il également ainsi de la vie …