Ruth Morf: la Lausannoise qui continue d’apprendre et de transmettre

PORTRAIT • Dans le quartier de Bellevaux, où elle réside depuis son arrivée à Lausanne, il y a plus de cinquante ans, Ruth Morf s’est taillé une belle notoriété. Pas seulement pour son talent à remplir les feuilles d’impôts avec dextérité, mais pour son appétence qui l’a poussée à écrire de nombreux ouvrages plutôt iconoclastes.

Elle aime la nature, les animaux, tout particulièrement les chats, et… les mystères. Voilà sans doute pourquoi Ruth Morf vient-elle de publier un neuvième ouvrage, consacré cette fois aux... extraterrestres. Après s’être notamment intéressée à l’épopée humaine, s’être interrogée pour savoir s’il y avait vraiment un Dieu dans l’Univers, ou une vie après la mort, ou encore s’être mise à la recherche des vies antérieures, autant de thèmes traités dans ses livres précédents, elle court à nouveau derrière un nouveau mystère, mue par une curiosité insatiable, qui a été - et demeure - le moteur de son existence.

Des origines suisses allemandes

Ruth Morf est née à Interlaken, dans le Canton de Berne, dans une famille modeste. Son père était employé aux CFF, un homme «sans attaches religieuses, aimant et artiste, qui faisait de la musique et de la peinture», résume-t-elle. «Il était l’homme que j’ai aimé le plus au monde, mon guide, mon soutien». En revanche, devant ses silences en évoquant sa mère, on comprend bien vite qu’elle n’aime pas trop en parler. «C’était une bigote pour qui une fille ça ne fait pas d’études, ça se marie, et ça fait des enfants». Elle n’en dira pas plus. La mort de ce papa qu’elle chérissait, alors qu’elle n’a que 23 ans, sonnera comme un détonateur. Son rêve de devenir vétérinaire mis en berne à cause de sa mère, munie d’un simple CFC d’employée de commerce, elle prend ses cliques et ses claques et quitte la demeure familiale. Direction Lausanne, «un peu par hasard, je ne savais pas où aller, mais je ne voulais pas rester en Suisse allemande», où elle trouve rapidement un travail à la BCV. Elle s’installe alors dans le quartier de Bellevaux. Cinquante ans plus tard, et quelques péripéties existentielles en sus, dont deux divorces, c’est là qu’elle réside toujours. Dans un appartement modeste de la rue Aloys-Fauquez où elle a installé un petit bureau dans lequel elle reçoit ses clients pour qui elle effectue des travaux de comptabilité ou remplit leurs déclarations d’impôt.

Une expérience unique

Au-delà de la nécessité de devoir aujourd’hui encore travailler pour s’assurer une vie décente, sa quête de connaissance demeure sa vraie préoccupation. La mort de son père l’a poussée à se défaire de ses liens familiaux, sa propre mort la poussera sans cesse à explorer de nouveaux horizons. Car oui, Ruth Morf est morte une fois déjà, avant de… ressusciter. A la suite d’une banale opération de la thyroïde. «Je savais que je devais aller me faire opérer et j’avais comme le présentiment que j’allais mourir» se souvient-elle. Son cœur va effectivement s’arrêter de battre. C’est la voix d’une infirmière qui dit à haute voix à ses collègues, «il faut tout faire pour qu’elle revienne, elle a deux enfants» qui l’a poussera, dit-elle, à revenir dans son corps. Depuis, elle dit ne plus craindre la mort.

C’est cette expérience unique, doublée du fait qu’elle avait le sentiment, enfant déjà, que les grandes personnes mentaient, qui l’entraîne à s’intéresser à des domaines variés et à suivre diverses formations en graphologie, en hypnose, en numérologie, en homéopathie ou encore en astrologie occidentale et chinoise. Elle deviendra même présidente de l’Association suisse romande de parapsychologie et fondera l’Ecole de de développement des facultés psychiques et relationnelles.

Apprendre et transmettre

«Quand on n’avance pas, on recule», explique sobrement cette alerte septuagénaire pour expliquer sa soif de connaissances et donner du sens à sa vie. Apprendre et transmettre, encore et toujours. Sans forcément donner des réponses à tout, sans vouloir expliquer l’inexplicable, mais en s’interrogeant sur les mystères qui nous entourent en faisant de nombreuses recherches pour tenter d’en comprendre les mécanismes et délivrer un message compréhensible par tous: il est primordial de toujours réfléchir par soi-même, car tout ce qui nous arrive n’est que conséquence de nos choix.

Ruth Morf, «Le mystère des extraterrestres», Editions Vérone, Paris.