Sexualité et schizophrénie

  • Sexualité et schizophrénie

    Sexualité et schizophrénie

Mon fils de 33 ans est schizophrène. Je suis triste et inquiète pour lui car il n’a pas encore eu de relation sexuelle avec une femme.

La schizophrénie est une maladie qui se déclare chez les adolescents, entre 15 et 20 ans. Les premiers épisodes étant assez violents, ils empêchent la naissance d’éventuelles histoires amoureuses. Dans le contenu des pensées délirantes ou des perceptions hallucinatoires, l’autre est souvent perçu comme menaçant, voire dangereux. Ainsi la méfiance s’installe, avec la recherche de la solitude comme mesure de protection. Dans ces circonstances, il est difficile de s’approcher assez près de quelqu’un pour nouer une relation intime. Toute situation de proximité est ressentie comme angoissante. Ce qui fait que les schizophrènes parviennent rarement à nouer une relation de couple qui nécessite de pouvoir faire confiance.

Les médicaments neuroleptiques qui permettent d’atténuer les hallucinations et autres symptômes psychotiques ont pas mal d’effets secondaires. Concernant la sphère sexuelle, ils peuvent freiner la libido et provoquer des troubles de l’érection ou de l’éjaculation. De plus, ils entraînent souvent une prise de poids importante qui diminue la confiance et l’estime de soi. Ce sont des raisons qui poussent certains patients à arrêter leur traitement, même si cela leur fait courir un risque de rechute important. Lors d’une décompensation psychotique, on constate une certaine désinhibition qui facilite les rencontres, surtout en milieu hospitalier ou institutionnel, favorisant la fréquentation d’autres personnes et la sortie de l’isolement social.

L’observation des schizophrènes a mis en évidence une nette préférence pour les comportements auto-érotiques en solitaire. Ensuite, il semble qu’il leur est plus aisé de nouer une relation avec une personne du même sexe, car elle est moins étrange et plus familière qu’une personne de l’autre sexe. Vous êtes bien placée pour savoir combien cette maladie altère les capacités relationnelles de votre fils. Il n’est sans doute pas prêt à prendre le risque de s’approcher d’une femme de son âge, qui va avoir envie d’un enfant, alors qu’il ne se sent vraisemblablement pas capable d’assumer un rôle parental. Cela peut aussi expliquer ses comportements de fuite ou d’évitement.

Pour une réponse personnelle, écrivez à: Dr Juliette Buffat, GHI, CP 167, 1211 Genève 4. Joindre une grande enveloppe (18x25 cm) timbrée. Les lettres ne sont pas ouvertes par la rédaction. Ou envoyez vos questions par e-mail à l’adresse: cherejuliette@ghi.ch