«La raquette est le PQ de la seconde vague…»

SPORT • Restrictions sanitaires obligent, durant les vacances scolaires nombre de Vaudois ont décidé de quitter les traditionnelles pistes de ski pour se mettre à la raquette. Même si trouver une paire n’est pas simple… Reportage au Mollendruz.

  • La raquette est devenu le must de cet hiver 2020-2021 placé sous le signe de la pandémie. PHOTOS JEAN-GUY PYTHON

    La raquette est devenu le must de cet hiver 2020-2021 placé sous le signe de la pandémie. PHOTOS JEAN-GUY PYTHON

Même en cette période de vacances scolaires, les stations de ski suisse tournent au ralenti. En France, les remontées mécaniques sont carrément fermées sous la contrainte du gouvernement Macron. Rares gagnantes de cet hiver marqué du funeste sceau du Covid-19, la raquette à neige. Pour s’en rendre compte, il suffit de monter au Col du Mollendruz.

Nous l’avons fait. Le parking était plein et les raquetteurs de sortie. Parmi eux, nombre de Lausannois dont, Sandra, une énergique quadra médico-technicienne de profession, laquelle confie «adorer le côté apaisant et contemplatif de la raquette et aussi cette ambiance cotonneuse où les sons sont étouffés». Véronique sa collègue et coéquipière du jour, qui s’y est mise cette saison. Elle précise avant de s’élancer sur l’un des trois sentiers balisés de la zone: «ce sport répond à un besoin de nature et de grand air. C’est une échappatoire à la plombante ambiance actuelle». L’avocate lausannoise Audrey Gohl confirme de sa présence ici. La trentenaire est habituellement plutôt amatrice de ski de piste. Elle a dû emprunter les raquettes de son père pour «raquetter».

On s’arrache les paires!

Jean-Pierre Clerc, patron du magasin Nordic Sport voisin et sa gérante Jade Rochat, confirment cet engouement et cette explication. Le septuagénaire loue des raquettes au col depuis 2001 et n’a jamais vu ça. Il a écoulé ses 200 paires à la location deux week-ends de suite. Quatre ont même été volées par des loueurs malhonnêtes! Il ne lui en reste plus qu’une poignée d’autres à la vente. «Il y a un transfert de clientèle du ski de piste vers la raquette, le ski de fond et le ski de randonnée. Les gens en ont assez de subir les bouchons pour aller skier, de se coltiner les files d’attente, le tout sans même pouvoir déjeuner dans un restaurant vu les mesures anti-Covid en vigueur!»

En ce début d’hiver, trouver une paire de raquettes à la vente voire simplement à la location relève presque du miracle. «La raquette est à la seconde vague ce que les rouleaux de papier toilettes furent à la première. On m’a dit que certains clients se disputaient les dernières paires dans une grande enseigne qui nous distribue!» commente Philippe Gallay, CEO de TSL, n°1 mondial du secteur. L’entreprise basée à Annecy (F), enregistre quatre fois plus de commandes que d’habitude!

La Suisse, royaume de la raquette

La Suisse est le premier des 34 pays d’exportation de TSL. Notre pays compte un réseau de sentiers raquettes balisés unique au monde dont plus de 1000 km rien qu’en Romandie et une fédération nationale dédiée. Selon Philippe Gallay, le Décathlon de Lausanne caracole au sommet des ventes, juste derrière l’indétrônable vaisseau amiral français qu’est le magasin d’Annecy-Epagny. Contrairement au ski de fond et de randonnée, qui connaissent aussi un joli boom, la raquette ne nécessite aucune autre compétence technique que celle de savoir marcher et on trouve des paires d’entrée de gamme dès 80 francs.

«Avec les semi-confinements et le port du masque généralisés, les gens ont besoin de grand air. Cette tendance de retour à la nature se dessine depuis quelques années déjà. L’été passé, cela s’est vu avec un regain de la randonnée et désormais les gens découvrent que la raquette est l’engin de fitness hivernal par excellence. Avec lui beaucoup apprennent à découvrir leur région qu’ils connaissaient parfois moins bien qu’une zone balnéaire du bout du monde…», constate Didier Castella qui a lancé la discipline en Suisse voici 25 ans en partant quasiment de zéro.

www.sentiers-raquettes.ch