Trop cher, l’autotest VIH peinerait à convaincre

Les chiffres ne sont pas encore disponibles, mais les autotests VIH n’ont pas suscité de ruées dans les pharmacies.

C’était il y a six mois. En juin dernier en effet, l’Office fédéral de la santé publique, sur recommandation de la Commission fédérale pour la santé sexuelle,  autorisait la commercialisation en Suisse d’autotests VIH. Tout un chacun pouvait désormais se rendre en pharmacie et procéder par lui-même au  test de sa sérologie. Car l’enjeu est d’importance en matière de dépistage et de limitation de la propagation de l’infection dans la population.  
«Tant que le dépistage ne concerne pas le plus grand nombre, on continuera à avoir des diagnostics trop nombreux et trop tardifs, et l’épidémie continuera à se propager, expliquait dans nos colonnes en novembre dernier le professeur Matthias Cavassini responsable de la consultation en maladies infectieuses du CHUV. En outre, pour la personne infectée, plus le diagnostic est précoce et meilleur sera le pronostic. Ensuite parce que grâce au traitement, une personne infectée ne peut plus contaminer! »
Selon l’ONUSIDA  et  l’Organisation  mondiale  de  la  santé  (OMS)  on estime  actuellement que  15  à  25  %  des  personnes  séropositives  ignorent  leur  statut  et  sont  responsables d’environ 80 % des cas de transmission du VIH.
Fiable et facile à utiliser
Seulement voilà. Non seulement la Suisse fait partie des pays qui ont tardé à autoriser l’autotest, mais il semble en outre que celui-ci ne fasse pas recette, alors même qu’il est fiable et  facile à utiliser.  D’autant qu’entre l’autorisation de mise sur le marché et sa commercialisation effective (uniquement en septembre dernier), trois mois de délais supplémentaires ont été observés.
«Je suis plutôt déçu en bien, nuance Alain Steiner, responsable de la très fréquentée pharmacie Sun Store de la Gare de Lausanne. Depuis le mois de septembre, nous en avons vendu une trentaine».  Interrogé, un autre pharmacien lausannois observe plutôt quant-à lui, «une faible demande».
«Concernant les auto tests VIH, les données disponibles depuis septembre pour un modèle et novembre pour l’autre ne permettent pas de faire des analyses solides, révèle Florent Jouinot, coordinateur pour la Suisse romande pour l’Aide suisse contre le sida.  Pour autant, il est possible de dire qu’il n’y a pas eu de ruée dans les pharmacies pour en acquérir».
En cause, une communication modeste sur la disponibilité du nouveau produit, un accessibilité pas toujours évidente en pharmacie, et surtout son prix non négligeable - 49 francs - , de surcroît non remboursé par la Lamal.
«Il incombe maintenant aux autorités et  institutions publiques ainsi qu’aux organismes de prévention et communautaires d’assurer la promotion de cet outil et d’en faciliter l’accès le cas échéant», avertit Florent Jouinot, qui ajoute:«A ce sujet, comme pour les préservatifs, l’aide suisse contre le sida permet à ses membres d’acquérir des auto tests à moindre coût afin de facilité l’intégration de cet outil aux actions mises en œuvre auprès des publics clés ».