Une Lausannoise veut inciter les femmes à écrire

LITTERATURE • Depuis plusieurs années, Marie-Eve Tschumi accompagne des femmes qui souhaitent écrire leur histoire, mais qui n’osent pas se lancer. Elle publie son premier livre «Ecris ton histoire» où elle propose astuces et conseils.

«Un premier livre est l’enfant de notre cœur.» La philanthrope et femme de lettres française Anne Barratin l’écrivait déjà en 1892. Et elle avait raison. Mais quand il s’agit de franchir le pas, c’est une autre histoire. Il faut du courage, forcément, et un élan essentiel à l’aboutissement d’un tel projet. Cet élan, Marie-Eve Tschumi souhaite le susciter à travers «Ecris ton histoire», un petit guide bienveillant destiné en priorité à la gent féminine….mais pas seulement.

Lausanne Cités: L’idée de ce livre, elle vous vient d’où?

Marie-Eve Tschumi: Cela fait un moment que j’accompagne des femmes qui ont envie de se lancer dans l’écriture mais qui doutent de leur talent littéraire, de la légitimité de ce qu’elles ont à dire. Au final, elles manquent de confiance dans leur plume et leurs écrits restent souvent inachevés. Ce livre complète ma démarche d’accompagnement, il ressemble à un compagnon de route bienveillant.

Quels sont les obstacles les plus flagrants qui empêchent les femmes de se mettre à l’écriture?

De manière générale, elles sont dépourvues d’outils très simples pour parvenir à leur fin. Par exemple, elles ont de la peine à instaurer une routine d’écriture. De plus, elles imaginent que la littérature est un art intellectuel réservé à une élite. Qu’il s’agit d’un marqueur d’échec ou de réussite scolaire. Tous ces éléments sont les principaux obstacles auxquels les femmes sont confrontées.

Comment doivent-elles s’y prendre pour contourner ces obstacles?

Le premier réflexe à avoir est de travailler la confiance en soi. Cela permet de se lancer en se disant qu’on peut le faire. Car, comme tous les autres arts, cela se travaille. Il y a des rituels à mettre en place. En se fixant des heures pour écrire. Avancer à son rythme est très important, il faut écrire durant de courts laps de temps, sans oublier de prendre du temps pour se distraire et continuer à lire.

Donc ce qui compte, c’est la qualité de l’écriture et non le genre de l’auteur?

Il faut redéfinir l’exigence littéraire. Par exemple, je trouve que le succès de Michel Houellebecq est vraiment disproportionné. Les femmes ont plus de peine à être reconnues par la critique.

Vous oubliez Marguerite Duras, Françoise Sagan, Simone de Beauvoir ou encore Nathalie Sarraute, elles ne comptent pas?

Elles existent, mais on les étudie très peu à l’école. Leur place est moindre dans le panorama de l’histoire littéraire.

Le but final est d’écrire ou d’être publiée?

Les femmes que j’accompagne sont d’immenses ambitieuses qui rêvent de carrière littéraire. Une fois leurs blocages dépassés, elles peuvent espérer être publiées par une maison d’édition romande ou française, ce n’est pas impossible.

Votre livre ne s’adresse-t-il qu’aux femmes?

Non, pas forcément. Ce serait génial que des hommes s’y intéressent. J’adorerais avoir leurs retours sur mes conseils d’écriture. Même si je suis consciente que les hommes préfèrent des méthodes plus rationnelle, c’est ainsi.

Ecris ton histoire, Marie-Eve Tschumi, Editions ISCA