Si le cinéma suisse ne manque pas d’idées, il manque parfois un peu de cinéma. En replongeant dans ses propres souvenirs, le réalisateur suisso-égyptien Tamer Ruggli, formé à l’ECAL, livre un premier long-métrage qui, lui, déborde de générosité cinématographique, tout comme ses personnages débordent d’humanité. Sue est établie en Suisse et n’a pas vu sa mère depuis vingt ans. Cette dernière, une aristocrate égocentrique et hautaine, campée par une Fanny Ardant impeccable, est malade, et vit toujours en Egypte.
Sue décide de retourner au Caire puis à Alexandrie, au chevet de sa mère, pour tenter de panser les blessures du passé et d’affronter ses fantômes. Au gré d’une galerie de personnages aussi touchants que hauts en couleur, on suit Sue dans son itinéraire d’une enfant pas vraiment gâtée, entre introspection initiatique et road movie plein de saveurs. Tamer Ruggli mélange les saveurs dans une mise en scène riche en références et en hommages au cinéma. Poétique, touchant, drôle parfois, le film, picaresque, flirte parfois avec l'irréel et le fantastique, et nous permet de découvrir une Egypte révolue, hantée par les fantômes pittoresques d’un prestigieux passé. Un premier film très réussi!