"La dérive des continents (au sud)", un regard balzacien sur la migration

SORTIE CINEMA - Le réalisateur lausannois Lionel Baier mélange les genres, passe de la comédie à l’intime, du burlesque au grave, de la petite à la grande histoire, pour rappeler à nos mémoires la situation ubuesque et intenable de la migration aux portes de l’Europe.

Branle-bas de combat dans un camp de migrants du sud de la Sicile! Macron et Merkel viennent en «visite surprise» et tout doit être prêt pour favoriser au mieux l’effet de la visite sur les cotes de popularité des deux dirigeants. Le grand cirque politico-médiatique se met alors en place, coordonné par Nathalie (Isabelle Carré), qui tombe par hasard sur son fils, qui a coupé les ponts avec elle il y a bien longtemps. Ce dernier est maintenant un activiste engagé qui milite contre le dispositif Frontex. Autant dire que les retrouvailles mère-fils seront bien plus explosives que la situation politique. Il y a quelque chose qui se rapproche de «La Comédie humaine» de Balzac dans l’approche de Lionel Baier, qui réussit à dépeindre avec humour et acuité une situation complexe et de multiples enjeux humains. Comme Balzac qui voulait faire une «histoire naturelle de la société», en explorant de façon systématique ses rouages et brosser une vaste fresque de son époque, le réalisateur lausannois mélange les genres, passe de la comédie à l’intime, du burlesque au grave, de la petite à la grande histoire, pour rappeler à nos mémoires cette situation ubuesque et intenable aux portes de l’Europe.