Sans filtre (Triangle of sadness), un Koh Lantah pour riches?

SORTIE CINEMA - Ni vraiment drôle, ni réellement outrancier, le dispositif paraît vain et artificiel, et enchaîne les saynètes censées ridiculiser la classe sociale dominante

Après la Fashion Week, Carl et Yaya, couple de mannequins et influenceurs, sont invités sur un yacht pour une croisière de luxe qui va bientôt tourner au cauchemar. Voici donc la Palme d’Or du Festival de Cannes 2022. A quoi ça sert, une Palme d’Or aujourd’hui? Longtemps, les films palmés ont apporté au monde leur vision de la société, une vision différente, riche de sens critique, ironique, tragique, ou même irrésistiblement drôle (Ah! «Mash»!!). «Sans Filtre» dégaine une superficialité sidérante dans son propos, et ne s'élève jamais au-dessus de ce qu'il prétend dénoncer. Là où le réalisateur Ruben Östlund savait nous prendre à rebrousse poil à chaque instant avec «The Square» (Palme d’Or 2017), il déroule cette fois une démarche poseuse dans laquelle le film patauge durant 2h30. Ni vraiment drôle, ni réellement outrancier, le dispositif paraît vain et artificiel, et enchaîne les saynètes censées ridiculiser la classe sociale dominante. On est plus souvent gênés qu’amusés, à vrai dire, et surtout on commence à trouver le temps long, quand le film se transforme en Koh Lantah pour riches dans son dernier tiers.