Matthieu Gafsou est de ces photographes qui aiment interroger avec leurs clichés. Après un recueil de vues du paysage alpin marqué par le développement du tourisme et une enquête équivoque sur l’Eglise catholique de Fribourg, il s’est approché plus d’une année des Lausannois qui se droguent.
Portraits de toxicos
Inspiré par les écrits d’Antonin Artaud ou de William T. Vollmann, Matthieu Gafsou cherche à «trouver de la poésie dans la misère du monde». Les drogues et accessoires sont reproduits comme des produits de consommation, en gros plan sur un fond uniforme. Photographiés sur fond noir, avec des effets de lumière soignés, les portraits des toxicomanes se distinguent par leur traitement quasi pictural inspiré de la tradition du portrait. Le visiteur est déstabilisé. Les lieux et parfois les visages lui sont familiers, mais le regard qu’il y porte est soudain différent. Et si la démarche est certes documentaire, le résultat est en fait beaucoup plus proche de la poésie sombre ou de la vision abstraite.
Succès lausannois
Le Musée de l’Elysée et le photographe ont travaillé main dans la main pour accoucher de cette exposition. Elle évite avec talent le sensationnalisme, la provocation gratuite et le voyeurisme, auxquels tant de médias et de travaux sur le sujet nous avaient habitués, c’est une très belle réussite! Plus jamais la traversée de la place de la Riponne ne se fera avec indifférence… Infos sur www.elysee.ch