Au cinéma cette semaine, une jolie comédie d'outre Sarine...

Notre chroniqueur Thomas Lécuyer a eu un vrai coup de coeur pour "Moscou aller simple", une comédie tout droit venue de l’autre côté du Röstigraben, tendre et ironique et en forme de nostalgie d'une époque révolue, celle des célèbres fiches.

Ce film nous replonge avec une certaine légèreté et une douce ironie dans certaines des heures sombres de la démocratie suisse.

A VOIR
Moscou, aller simple
Jolie surprise que cette comédie tout droit venue de l’autre côté du Röstigraben, qui nous raconte les péripéties de Viktor, un banal policier zurichois infiltré dans la troupe du Schauspielhaus, le fameux théâtre de Zurich, afin d’y collecter des informations sur les gens de gauche qui y travaillent. Au cours de sa mission, la taupe, jusqu’alors fonctionnaire anonyme et effacé, découvrira l’amour, et révèlera sa propre personnalité. Le film nous replonge avec une certaine légèreté et une douce ironie dans certaines des heures sombres de la démocratie suisse, quand la police politique fichait des centaines de milliers de personnes à travers le pays pour leurs opinions jugées dissidentes voire dangereuses pour la nation. Bénéficiant hélas d’une trop faible distribution dans les salles romandes, «Moscou Aller-Simple» est une comédie néanmoins très réussie et tendrement ironique à l’égard des parties qu’elle oppose ici: les bourgeois conservateurs avec leur bras policier, et le milieu théâtral «intellectuellement gauchiste», tous deux ici gentiment caricaturés.

A EVITER
Initiales S.G.
C’est un curieux petit film argentin qui avait tout pour plaire au départ: un acteur raté de Buenos Aires cultive sa ressemblance avec Serge Gainsbourg et finit par tomber amoureux de sa «Jane», une programmatrice américaine de passage pour un festival de cinéma. Pensez-vous: des clins d’œil en veux-tu en-voilà au mythique Serge et à la Nouvelle Vague (notamment à Jean Seberg dans «A bout de souffle»), des reprises en espagnol fabuleuses du répertoire gainsbourien, une ironie d’aquoiboniste qui flotte tout au long du film, et puis soudain, patatras! Le scénario s’embrouille dans une intrigue trop lourde pour lui, avec un cadavre encombrant qui fait basculer la comédie douce-amère et ironique dans le grand-guignol injustifié. Pourtant on avait envie de bien aimer ce personnage, anti-héros, anti-acteur, anti-chanteur, qui va de galère en galère et qui, en plus, évoque le grand Serge. Le scénario bancal et un certain manque de cohérence dans l’écriture des personnages gâchent le potentiel de cette comédie noire et sentimentale.