Au cinéma, La Daronne frôle le ridicule

La «Daronne» est résolument à ranger dans la seconde catégorie, tant cette comédie boursouflée souffre d’une erreur encombrante de casting: Isabelle Huppert ne colle pas du tout à son personnage d’apprentie de la Bridage des Stups devenue reine du deal de rue, et frôle le ridicule.

A VOIR - Petite soeur
Les réalisatrices lausannoises Véronique Reymond et Stéphanie Chuat signent une poignante cartographie de la traversée de la maladie vers le deuil en suivant l’itinéraire, jalonné de moments d’espoirs et de douleurs, d’une sœur confrontée au cancer en phase terminale de son frère jumeau et chéri. Beau, triste et plein de grâce, le film est un drame tissé finement et au plus près de son duo de tête, incarné d’une manière bouleversante par Nina Hoss et Lars Eidinger. Si «Petite sœur» est une très belle catharsis de l’accompagnement d’un proche dans la maladie, il évite néanmoins de tomber dans le pathos en préservant aussi quelques beaux moments de joie et de douceur. Par ailleurs, le duo de cinéastes, riche d’une grande expérience théâtrale, file aussi tout au long de son film une belle métaphore sur le pouvoir de la scène et des arts vivants comme une véritable source de vie qu’il faut bien veiller à ne pas tarir. Un film magnifique, qui représentera la Suisse lors des prochains Oscars.

A EVITER - La Darone
Le réalisateur français Jean-Paul Salomé est capable de faire de bonnes choses (les honorables «Arsène Lupin» et «Les Femmes de l’Ombre») comme de moins bonnes («Belphégor», «Restons Groupés»). Sa «Daronne» est résolument à ranger dans la seconde catégorie, tant cette comédie boursouflée souffre d’une erreur encombrante de casting: Isabelle Huppert ne colle pas du tout à son personnage d’apprentie de la Bridage des Stups devenue reine du deal de rue, et frôle le ridicule, maquillée comme une voiture volée, à débiter des injures en argot du bled. On sent clairement que la production, et certainement le réalisateur, voulaient faire un «coup» en castant la papesse du cinéma français dans un contre-emploi absolu. Hélas, c’est un coup dans l’eau, car le film, trop encombré dans ce seul effet de manche, peine à trouver son rythme et sa tonalité propres en dehors des séquences clownesques de la grande actrice, qui s’applique sans être concernée, égarée ici comme dans une cours de récréation trop bruyante.