Au cinéma, Ridley Scott ressuscite Gucci

Pour notre chroniqueur Thomas Lecuyer , l'affaire est entendue: "House of Gucci" c'est tout simplement de l'immense cinéma...

 

L’histoire vraie de Gucci a tout du drame shakespearien ou de l’opéra italien: un empire, de l’argent (beaucoup), du glamour, du pouvoir, du sang, des larmes, des guerres intestines, l’ombre du père, l’avidité, le désir, la soif de vengeance.

House of Gucci
En mars 1995, Maurizio Gucci, fils de Rodolfo Gucci et petit-fils de Guccio Gucci, alors à la tête de la célèbre maison de couture Gucci, est assassiné. Le meurtre, commandité par son ex-femme, Patrizia Reggiani, avait alors défrayé la chronique. Quelques semaines après la sortie de l’époustouflant «Last Duel», Ridley Scott nous propose son très attendu «House of Gucci», et montre une nouvelle fois qu’il n’a rien perdu de son extraordinaire virtuosité. Il faut dire que l’histoire, vraie, a tout du drame shakespearien ou de l’opéra italien: un empire, de l’argent (beaucoup), du glamour, du pouvoir, du sang, des larmes, des guerres intestines, l’ombre du père, l’avidité, le désir, la soif de vengeance. Chaque minute de ces deux heures et demi d’immense cinéma est d’une intensité folle: le jeu impeccable de chacun des acteurs et actrices, la mise en scène au cordeau, l’écriture millimétrée (il n’y a pas une réplique de trop), les décors et les costumes aussi nombreux que somptueux, la bande originale qui pioche aussi bien dans le classique que la disco ou les tubes eighties... Al Pacino est toujours aussi dense, le couple formé par Adam Driver et Lady Gaga est splendide, et Jared Leto bluffant et méconnaissable jusqu’à ce qu’on lise son nom au générique!

Encanto
Pour son soixantième long-métrage d’animation, Disney colle au plus près de son cahier des charges et livre son wagon annuel de chansons, d’animaux mignons, de féérie et de personnages féminins archétypaux. Avec plein de petits trucs en plus, qui donnent à «Encanto» beaucoup de charme et une saveur particulière. D’abord, un scénario solide, qui prend plaisir à aller à rebrousse-poil des codes Disney: l’héroïne est en effet la seule personne «normale» (entendre ici «sans pouvoir magique») de la famille, et il n’y a aucun «grand méchant». Intelligente, vive et débrouillarde, Mirabel nous invite à explorer la complexité des liens de la famille Madrigal, certes magique mais pas exempte de problèmes. Ensuite, les couleurs éclatantes et la richesse des décors finement travaillés qui nous emmènent en Colombie, une première pour Disney même s’il s’agit du quatrième long métrage à explorer l’Amérique latine après «Saludos Amigos» (1942), «Les Trois caballeros» (1944) et «Kuzco» (2000). Enfin, ce que «Encanto» perd en humour, il le gagne en profondeur et en émotion avec de belles réflexions sur l’acceptation de soi, de son passé, de ses limites, et des personnages bien plus typés et moins lisses que de coutume.