Au cinéma, Samuel Benchetrit "ne joue pour personne"

Cette semaine, notre chroniqueur Thomas Lécuyer à particulièrement aimé "Cette musique ne joue pour personne" une comédie qui tutoie autant le cinéma de genre que le cinéma d’auteur et servie par un casting incroyable.

Cette musique ne joue pour personne
Quelque part dans le nord de la France, au bord de la mer, une bande de dockers bas du front à la tendresse abrupte font régulièrement les gros bras pour leur patron gangster à la petite semaine. Ça extorque, ça trafique, ça tabasse, ça menace, pour faire marcher les affaires courantes, et avec une certaine nonchalance. Mais voilà que dans cet environnement à l’horizon clair et à l’avenir sombre, entre courses à l’hyper, bières et émissions de télé-réalité, la poésie, l’amour, le théâtre, et l’existentialisme vont s’inviter (ainsi que la méditation zen). C’est avec cette dynamique d’oxymore permanent que Samuel Benchetrit livre une belle et singulière comédie qui tutoie autant le cinéma de genre que le cinéma d’auteur, soutenu par un casting incroyable: François Damiens, Ramzy Bedia, Joeystarr, Gustave Kervern, Bouli Lanners, Vanessa Paradis, Vincent Macaigne et Valeria Bruni-Tedeschi! Atypique, drôle, poétique et diablement bien mis en images.

Tout s'est bien passé
Le nouveau François Ozon est dans la veine sobre du réalisateur, à l’instar de «Grâce à Dieu», sorti en 2019. Le cinéaste délaisse en effet une nouvelle fois ses effets de forme et de mise en scène qu’il aime tant, ainsi que ses circonlocutions narratives, pour raconter dans un scénario simple, limpide et même assez linéaire, le choix de fin de vie d’un vieux père de famille un peu indigne brisé par un AVC. André Dussolier est poignant dans le rôle de cet homme âgé et déclinant qui veut choisir de mourir dignement tant qu’il a encore les moyens de le faire. Accompagné par ses filles jouées par Sophie Marceau (qui livre une performance d’une intensité exceptionnelle) et Géraldine Pailhas, il décide de mourir en Suisse, au sein d’une association qui permet d’en finir dans la dignité. Mais les obstacles seront nombreux sur ce chemin de fin de vie volontaire, tant légaux qu’affectifs ou personnels. Une admirable chronique sur le crépuscule d’un homme, qui aborde un sujet délicat avec justesse, tendresse, émotion, humour et même suspense!