Au cinéma, un documentaire édifiant sur l'usage de la violence par l’Etat

"Un pays qui se tient sage" confronte victimes, manifestants, forces de l’ordre, analystes, historiens et penseurs aux images souvent choquantes qui ont inondé les informations françaises ces dernières années.

Ce bouleversant documentaire montre comment le pays des Droits de l’Homme glisse de plus en plus vers un régime autoritaire

A VOIR - UN PAYS QUI SE TIENT SAGE
Aussi nécessaire qu’édifiant, ce documentaire français invite les citoyens à réfléchir sur la légitimité de l’usage de la violence par l’Etat dans un contexte où les exactions policières se multiplient dans l’Hexagone. Revenant sur plusieurs années de violence sociale, le documentariste David Dufresne confronte victimes, manifestants, forces de l’ordre, analystes, historiens et penseurs aux images souvent choquantes qui ont inondé les informations ces dernières années. Des éborgnements et mutilations de Gilets Jaunes aux actes de violence illégitimes d’Alexandre Benalla en plein Paris, en passant par la mise à genoux d’une classe entière de lycée pendant des heures par des CRS, et les morts, entre autres, de Steve Maia Caniço, noyé dans la Loire à Nantes au cours d’une descente de Police, ou Zined Redouane, octogénaire marseillaise ayant reçu une grenade lacrymogène à la fenêtre de son appartement, ce bouleversant documentaire montre comment le pays des Droits de l’Homme glisse de plus en plus vers un régime autoritaire qui cache de moins en moins son nom. Une réflexion claire et une démonstration limpide en forme d’avertissement pour éviter des lendemains qui déchantent.

A EVITER - ANTEBELLUM
Quelque part entre la série «Westworld» et le cinéma de M. Night Shyamalan, «Antebellum» aurait pu être une belle surprise s’il ne se contentait pas de recopier paresseusement toutes les bonnes idées qui ont fait la saveur des œuvres mentionnées. Le film, qui mélange le destin d’une écrivaine afro-américaine à succès dans l’Amérique contemporaine à celui d’une esclave dans la même Amérique 150 ans plus tôt, n’use que de ficelles éculées pour faire passer un propos antiraciste certes engagé mais pas convaincant. On est loin de «Get Out» et «Us», les deux coups de génie de Jordan Peele écrits en gros sur les affiches comme caution de qualité (le film est produit par les mêmes producteurs). Ici, on comprend le twist spectaculaire très rapidement, et le film se contente d’enchaîner les scènes toutes faites en mode copier/coller: outre les deux références précédentes, on trouve aussi dans «Antebellum» des ersatz de Tarantino, de «12 Years a Slave» et même de «The Hunt» le formidable film d’horreur cynique et sarcastique signé Craig Zobel et sorti il y a quelques mois.