Au cinéma, un excellent "Scandale" criant de réalisme

Si notre chroniqueur Thomas Lécuyer encense Scandale, "sain et pédagogique", il n'a vraiment pas aimé "Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part", un mélo un brin éculé.

Scandale
C’est impressionnant de voir à quel point Hollywood s’empare rapidement des sujets brûlants de l’actualité américaine pour les décortiquer, et les représenter passés au filtre de la fiction pamphlétaire. Cette fois, c’est l’affaire du patron et fondateur de la chaîne conservative américaine Fox News, Roger Ailes, le premier dirigeant américain à tomber pour des accusations de harcèlement sur des dizaines d’employées de la chaîne. Un an avant l’explosion de l’Affaire Weinstein et du mouvement #MeToo, l’affaire Ailes révéla au grand jour, grâce à la prise de parole courageuse de plusieurs animatrices de la chaîne, des pratiques aussi odieuses que répandues. Le réalisateur Jay Roach, issu de la comédie, n’y va pas par quatre chemins, et aborde le sujet de manière très frontale en mettant des mots clairs, des visages et des images sur ces actes inacceptables. On est parfois totalement halluciné devant les scènes reconstituées dans le bureau du directeur de la Fox, les mots et les comportements de certains hommes, dont un futur locataire de la Maison Blanche. Porté par un éblouissant trio d’actrices, Charlize Theron, Margot Robbie et Nicole Kidman, « Scandale » est tout à la fois palpitant, édifiant, sain, choc et pédagogique.

Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part
Adaptant librement le recueil de nouvelles éponymes d’Ana Gavalda, le réalisateur Arnaud Viard convoque une palette d’acteurs convaincants pour recréer une réunion de famille autour d’Aurore, qui fête ses 70 ans, dans sa belle maison provinciale, réunion qui sera, comme souvent dans le cinéma français, le point de départ de règlements de comptes, et sonnera le réveil de vieilles blessures et complicités au sein de la famille réunie, jusqu’au basculement vers un drame qui va en retisser chaque lien. Le problème c’est qu’on a l’impression d’avoir déjà vu ce mélo dix fois, avec sa réunion de famille qui vire au pathos, sa vision parisienne des refuges familiaux de province comme autant de paradis perdus, sa tendance compulsive à l’entre-soi (entre l’éditeur, l’écrivaine, la comédienne, ça tourne un peu au microcosme auto-fictionné), et ses analyses parfois stéréotypées des relations humaines. Le cinéma français a tendance à répéter les mêmes schémas à l’infini, et c’est parfois un peu ennuyeux, comme ici.