Sortie cinéma: "Le cas Richard Jewell" ou les maux de l'Amérique décortiqués

Dans "Le cas Richard Jewell", Clint Eastwood décortique sans concession les rouages qui gangrènent le système américain. Quant à "10 jours sans maman", il révèle un Franck Dubosc toujours aussi affligeant...

Le cas Richard Jewell
Clint Eastwood, bientôt 90 ans, ajoute un portrait de plus à sa galerie de héros ordinaires américains, et en profite pour régler ses comptes en livrant une charge paisible mais bien sentie sur les travers et les abus du triumvirat médias / politique / justice aux Etats-Unis. En racontant l’histoire, passée relativement inaperçue ici, de cet agent de sécurité lambda qui devient d’abord un héros national pour avoir donné l’alerte sur la présence d’une bombe durant les Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996, puis très vite le premier suspect du FBI qui le soupçonne à tort de l’avoir posée lui-même, le cinéaste décortique les rouages qui gangrènent le système américain: l’hystérisation médiatique qui réclame très vite un coupable en pâture, la récupération politique, la précipitation de l’enquête et des conclusions juridiques, la propagation des rumeurs, le voyeurisme. Porté par un très bon casting, le film, d’une tenue très classique mais parsemé d’humour, est passionnant de bout en bout, et montre que le grand Clint reste le roi du storytelling.

10 jours sans maman
Antoine, cadre supérieur qui ne pense qu’à son boulot, se retrouve désemparé quand Isabelle, sa charmante épouse, décide de prendre quelques jours pour s’occuper d’elle. Car oui, Antoine et Isabelle ont quatre enfants. Et bien évidemment, c’est Isabelle qui gère tout dans la maison et tout ce qui concerne la progéniture, car pensez-vous, Antoine travaille dur, lui. Alors avec un pitch aussi rétrograde et ringard, on pourrait imaginer une comédie sarcastique et vintage qui se passerait dans les années 60. Mais non ! Ça se passe de nos jours ! Le scénario et les vannes totalement sexistes et genrées de l’ensemble sont vite épuisants et donnent l’impression que le film a été écrit par deux stagiaires en marketing qui fantasment sur le fameux concept de «ménagère de moins de 50 ans». Frank Dubosc est affligeant dans ce rôle de père dépassé qui ne sait rien faire sans sa femme. On ne peut pas lui en vouloir, car en fait c’est l’idée même du film qui est affligeante. Non seulement cette comédie industrielle française n’est absolument pas drôle, mais une telle définition du partage des tâches familiales en 2020, même pour de rire, est totalement rance.