Besançon, dans l’effervescence du Beau Siècle

Aux portes de Lausanne, la capitale de Franche-Comté peut inspirer une escapade en cette fin d’été.

  • La ville épouse le Doubs.

    La ville épouse le Doubs.

  • La place de la Révolution est un lieu très apprécié des Bisontins, des étudiants et des touristes.

    La place de la Révolution est un lieu très apprécié des Bisontins, des étudiants et des touristes.

Proche de Lausanne, idéale pour un week-end ou un séjour culturel, sportif et gastronomique, la ville natale de Victor Hugo souffrirait-elle d’un déficit d’image? Sinon, comment expliquer que beaucoup de Romands n’y voient encore qu’un transit sur la route de Paris? Ce ne sont pourtant pas les arguments qui manquent pour justifier une visite – impérativement piétonne – de cette voisine à la fois historique et estudiantine, métissage de vénérables demeures et de lieux branchés.

«J’y ai trouvé une telle qualité de vie que je ne pourrais imaginer retourner à Paris», affirme Hugo Delage, œnologue natif de Paname devenu copropriétaire de Terres de vins, un comptoir de dégustation tendance. Ce passionné rappelle l’importance historique de la viticulture régionale, même si elle n’occupe plus aujourd’hui que de minuscules parcelles.

Point de vue

La fierté des Bisontins pour leur citadelle est légitime, tout comme la distinction de cette dernière par l’Unesco. Quelle meilleure vigie pour constater qu’à l’instar de Genève, la ville épouse une rivière – le Rhône chez nous, ici le Doubs –, situation stratégique qui n’aura pas échappé à Louis XIV lors de sa conquête du site, en 1674, après des lustres d’assujettissement aux Habsbourg d’Espagne et d’Autriche.

L’incontournable Vauban s’étonnerait sans doute de la nouvelle affectation de son ouvrage défensif, devenu à la fois pôle muséal, jardin zoologique et lieu d’expositions. On s’y intéresse en ce moment (jusqu’au 1er octobre) aux artistes de rue et autres saltimbanques, avec un hommage à ce que fut durant quatre décennies le poétique Cirque Plume. Dans la foulée du Roi Soleil, Besançon connut un bel épisode de prospérité dont l’héritage, heureusement épargné par les conflits des XIXe et XXe siècles, révèle l’essor économique et artistique. Une exposition en rendra compte cette année au Musée des Beaux-Arts (sans doute l’un des plus beaux de France, avec ses audacieux ajouts bétonnés par un disciple de Le Corbusier). Dans cet élan, l’institution vient d’enrichir ses collections d’une œuvre particulièrement prestigieuse: Les anges portant la colonne de la Passion de Simon Vouet, grand peintre français du début du XVIIe siècle, pour près de 300’000 euros.

Jusqu’à la chute de la royauté, la ville – bastion de catholicité – s’est avérée fertile pour les arts et l’embellissement des sanctuaires, comme en témoignent l’abside du Saint Suaire, les églises Sainte-Madeleine et Saint-Pierre ou la délicieuse chapelle baroque de l’hôpital Saint-Jacques.

Précision helvétique

A partir de la Révolution, l’activité horlogère vient renforcer le dynamisme de la ville. Accourus de Suisse, des artisans de la branche s’y implantent jusqu’à en représenter l’une des principales activités. Sous le Second Empire, près de 400 ateliers se répartissent la fabrication des montres. «A la fin du XIXe siècle, la création d’une école et d’un observatoire ont assuré la transmission des savoirs et le développement de cette branche», relève Aubin Zabé, responsable de la boutique Utinam, créatrice d’horloges «subversives et technologiques». Aujourd’hui encore, le tronçon ferroviaire reliant La Chaux-de-Fonds à Besançon n’est-il pas surnommé «Ligne des horlogers»?

Bonne bouche

Une visite au marché couvert (ouvert tous les jours sauf le lundi) donne un bel aperçu de la richesse du terroir: vins, fromages, charcuteries, confiseries et autres spécialités que l’on retrouve aussi sur les bonnes tables alentour. La gastronomie bisontine se décline en de nombreuses enseignes, allant de l’esprit bohème – comme Aux Gamins – à la carte raffinée du Parc, judicieusement loti dans le cadre verdoyant des rives du Doubs. Même les végétariens ont de quoi se régaler à l’Unalôme, au décorum dominé par un mur évidemment… végétal. Les spécialités de cette Maison devraient convertir les carnivores les plus endurcis. De nombreux gourmets locaux se retrouvent aussi au restaurant du Sauvage, l’hôtel de charme bisontin.

Les papilles sont à la fête avec toutes les saveurs du terroir local.