Samedi 25 août, quelque part dans les eaux froides du Spitzberg, l'île la plus importante de l'archipel du Svalbard administré par la Norvège. Il est près de 5 heures du matin dans la passerelle de l'«Ocean Nova», un des anciens bateaux côtiers du Groënland, construit en 1992, et reconverti en bateau de croisière. L'officier et son second discutent de voitures de luxe et rêvent de… «Maserati»!
Soudain, deux souffles émergent au loin. L'officier comprend le regard interrogatif de l'un de ses hôtes et répond oui de la tête. Ce sont des baleines. Christian, le chef d'expédition, arrive peu après et prend le micro pour prévenir les 70 passagers qui vont sauter du lit, enfiler les polaires et rêver. Tout autour du bateau, ce ne sont plus deux, mais une dizaine de baleines. Nous sommes près de Kvitoya, l'île Blanche, la plus orientale de l'archipel, à 99% recouverte par une calotte glaciaire.
Les sorties en zodiac
Plus tard, dans la matinée, nous sortons en zodiac pour approcher une colonie d'environ 300 morses sur les rochers. D'autres sont sur des bancs de glace appelés bourguignons. Vers 23 heures, alors que l'on se dirige vers la Terre du Nord-Est, une dizaine de baleines viennent jouer avec le bateau!Mais ce paradis blanc subit profondément les changements climatiques et les pollutions. La banquise est plus fragile, les glaciers (il y en a 2650) reculent. Lors des conférences quotidiennes, les guides sensibilisent les passagers.Les croisières-expéditions naviguent entre juin et fin août. Certes, aucun animal ne peut être garanti, mais les paysages sont bien assez spectaculaires pour enchanter tout le monde. Et l'on croisera tout de même sans mal un renard des neiges et des oiseaux: des sternes, guillemots à miroir, labbes, mergules nains ou, avec un peu de chance, la mouette de Sabine, un des oiseaux nicheurs les plus rares de la région.
Attention, ours polaires
Le rêve reste d'apercevoir un ours polaire. Attention pourtant, l'animal est roi mais il peut être dangereux. Alors, les consignes sont strictes et les guides armés. Sur la carte-mémoire de nos appareils photos, se gravent avec bonheur beaucoup d'ours. Certains s'approchent du bateau, d'autres s'en éloignent comme celui qui vient de capturer un phoque barbu et le tire sur quelques centaines de mètres, tandis qu'un autre nage entre les blocs de glace, près du bateau, pendant une demi-heure. Plus loin, un géant stationne debout dans le brouillard qui se forme.Nous en apercevrons dix-huit tout au long de la croisière. À Longyearbyen, la petite capitale administrative (2000 habitants pour 2600 sur l'ensemble du Svalbard), la vitrine d'un magasin attire l'attention avec humour: «Les ours polaires de cette boutique sont déjà morts. Merci de laisser votre arme au personnel.»