L'archipel de Svalbard, royaume du seigneur de la banquise

L’archipel attire les amateurs de grands espaces, sur la piste de l’ours blanc, des mammifères marins et des oiseaux. Frissons garantis.

  • A l’échelle, les modestes embarcations font figure de maquettes.

    A l’échelle, les modestes embarcations font figure de maquettes.

  • La rencontre avec l’ours blanc justifie un voyage dans l’archipel du Svalbard, dont le Spitzberg est l’île principale.

    La rencontre avec l’ours blanc justifie un voyage dans l’archipel du Svalbard, dont le Spitzberg est l’île principale.

Parmi les stars du monde animal – et les spécimens les plus représentatifs de sa fragilité – l’ours polaire occupe une place à part. Qui ne s’est jamais émerveillé face à la silhouette de cet imposant plantigrade (ou inquiété de voir son territoire rétrécir aussi drastiquement)? Sans doute ce seigneur nordique est-il pour beaucoup dans l’actuel engouement pour les voyages vers son biotope naturel: l’archipel du Svalbard, placé sous souveraineté norvégienne, dont le Spitzberg est l’île principale. Imaginez un univers démesuré de toundra, de montagnes et de glaciers, où l’âme des aventuriers d’antan semble flotter au-dessus des glaciers et des villes fantômes!

De 1000 à 3000 individus

Vous rencontrerez votre premier ours en débarquant à l’aéroport de Longyearbyen. Même naturalisé, il vous impressionnera par sa taille et vous rappellera qu’il est ici chez lui, que vous ne serez jamais que ses invités. Quiconque s’aviserait de le tuer risquerait désormais une forte amende, voire une peine de prison.

Sur la population de survivants, les estimations varient. Les plus pessimistes avancent le nombre d’un millier d’individus sous ces latitudes. Un naturaliste canadien rencontré à bord d’un bateau d’exploration se veut plus rassurant: «Le dernier recensement effectué dans cette zone de la mer de Barents était de plus de 3000 sujets. On a donc autant de chances d’en croiser que de photographier des lions dans un safari africain. Cependant, avec le réchauffement, il faut nous rapprocher de plus en plus du pôle Nord pour dénicher cet animal.»

Banquet

A défaut de gros gibier, l’ours ne rechigne pas à marauder dans le fief des oiseaux de mer. Des volatiles et des œufs en pagaille: un providentiel garde-manger.

Au détroit d’Hinlopen, une falaise longue de plusieurs kilomètres (Alkefjellet) abrite des dizaines de milliers de guillemots. Cet excellent nageur niche dans les rochers, en groupes très compacts, souvent en compagnie de mouettes tridactyles. La puissance du décor impose l’humilité; sa virginité, le respect.

La saison estivale est idéale pour se promener jusqu’aux glaciers. Ces géants bleutés semblent vivants: ils sifflent, craquent, avancent et reculent, s’effondrent parfois. Leur masse se déchiquette au fur et à mesure que les blocs qui la composent chutent dans la mer avec un bruit sourd, en provoquant un mini-tsunami. Ce spectacle est fascinant. 

Textes Bernard Pichon Photos BP et DR