Assurément, ce n’est pas en référence à son climat politique que l’Equateur doit sa comparaison avec notre pays (lire encadré), pas davantage à sa météo capricieuse: chacun vous dira qu’en vingt-quatre heures, le temps peut y refléter les quatre saisons, avec une prépondérance brumeuse. «Qui n’aime pas les nuages, qu’il ne vienne pas en Equateur: ce sont les chiens fidèles de la montagne», écrivait Henri Michaux. Ce qui peut rappeler l’Helvétie, ce sont sans doute les impressionnants sites haut-perchés.
Aux amateurs de trek, les Andes équatoriennes proposent leur «Avenue des Volcans», une marche le long des Chimborazo, Cotacachi et autre Cotopaxi (5897 mètres), dont l’ascension peut constituer le couronnement d’une randonnée. Autre itinéraire au nom évocateur: le Capac Ñan – le vieux Chemin de l’Inca – qui reliait Cuzco à Quito. Trois jours de progression au pas des mules et du guide.
Pittoresque
En chemin, tous ces villages colorés où les vendeurs ambulants vous sollicitent avec leurs gâteaux de coco, leurs ananas, leurs morceaux de papaye ou leurs photos de jolies créatures dénudées en couverture d’Extra, le magazine à sensation. Sirotant une bière à la devanture des cybercafés, la jeunesse désœuvrée semble plus attentive au poste à transistors des années 1950 qui grésille la victoire au championnat de foot du Nacional de Quito sur le Barcelona Guayaquil, rival de toujours.
Les marchés locaux renferment l’âme du pays, le lieu où l’on croise sa population indígena. Les plus attachants sont ceux aux primeurs ou aux bestiaux, comme à Otavalo et Zumbahua. A chaque paysan sa petite récolte, présentée à même le sol.
L’Equateur est une corne d’abondance: palmiers, manguiers, ananas, noyers de Cajou ponctuent à perte de vue les haciendas qui cultivent aussi les cacaoyers. On visite des serres où sont clonées des boutures sélectionnées, les espaces où l’on pourfend les cabosses rougeâtres renfermant chacune leur quarantaine de graines entourées d’un mucilage sucré et acidulé. Plus loin, les étapes de nettoyage, fermentation, séchage et conditionnement du Cacao Nacional Arriba, la précieuse matière convoitée par nos plus grands chocolatiers, qu’ils torréfieront dans leurs manufactures. Les ouvriers suent à grosses gouttes, indifférents aux milliers de kilomètres que leur matière première devra parcourir pour séduire nos palais.