Vérone, romantique et éternelle

La ville de Vénétie foisonne des beautés dont elle s’est parée au fil de ses deux mille ans d’histoire. Elle y ajoute un mythe shakespearien bien lucratif.

  • Les décors de Turandot flirtent avec les arènes dédiées au bel canto.

    Les décors de Turandot flirtent avec les arènes dédiées au bel canto.

  • Ponte Pietra, sur l’Adige, le seul pont romain conservé par la cité. 123RF/LUCIANO MORTULA

    Ponte Pietra, sur l’Adige, le seul pont romain conservé par la cité. 123RF/LUCIANO MORTULA

«Les amants de Vérone sont à jamais couchés, est-ce donc pour mourir qu’ils se sont tant aimés?» Ces quelques notes d’une bluette des années 1970 vous trotteront peut-être dans la tête en arpentant le fief attribué au plus célèbre couple shakespearien; à moins que vous ne fredonniez quelques mesures du ballet de Prokofiev ou de l’opéra de Gounod, composés sur le même argument.

Quoi qu’il en soit, la belle ville-musée de Vénétie classée au patrimoine mondial de l’Unesco semble à jamais fiancée à la musique et aux amoureux. Saluons les mythiques Roméo et Juliette! Ils ont en commun avec le Père Noël leur récupération par quelques as du marketing, avisés que rien ne vaut une belle légende pour drainer les foules. Ainsi donc, les touristes de partout viennent multiplier les selfies sous le balcon d’une Juliette statufiée. On a audacieusement affublé la vénérable bâtisse d’un ancien sarcophage remodelé en balcon.

Graffitis et bel canto

Sur place, les tourtereaux contemporains ont bien du mal à dénicher quelques centimètres encore vierges sur une paroi que l’on a spécialement dédiée aux empreintes de leur pèlerinage. Il est hélas d’autres graffeurs beaucoup plus iconoclastes. Leurs forfaits défigurent une bonne partie des inestimables fresques de la basilique San Zeno, l’un des chefs-d’œuvre de l’architecture romane italienne.

L’autre incontournable monument véronais jouxte le quartier du Castelvechio (forteresse médiévale et très riche musée d’art): ce sont évidemment les populaires arènes qui attirent chaque été les amateurs d’opéra. A noter que seul un pan de mur extérieur témoigne encore des origines romaines de ce vaste amphithéâtre. «Savez-vous que la tradition d’y monter des opéras remonte au 10 août 1913, date d’une représentation d’Aïda applaudie par Puccini, Maxime Gorki et Franz Kafka?», relève une fidèle spectatrice. Et d’ajouter que sa grand-mère assista ici même aux débuts de la Callas, trente-quatre ans plus tard.

En dehors de ses atouts culturels, Vérone a largement de quoi satisfaire les amateurs de shopping et de bonne chère. Plus abordables qu’à Milan – surtout en période de soldes – la plupart des enseignes italiennes ont ici pignon sur rue, principalement le long de l’élégante colonne vertébrale traversant la zone historique, lovée dans une boucle du fleuve Adige.

Sublimes vestiges romains

Vérone possède une des plus riches collections de vestiges romains de l’Italie du Nord. En plus de son amphithéâtre, le Ponte Pietra fut entièrement reconstruit après la Seconde Guerre mondiale, à partir des pierres tombées dans l’Adige. L’ancien forum romain a bien changé depuis le temps des César, mais il n’a rien perdu de sa fonction conviviale: la piazza delle Erbe, la plus belle de la ville, est aussi un passage obligé pour son marché. Mieux vaut donc la photographier de bonne heure ou en fin de journée, quand les camelots ont déguerpi. Ces heures privilégiées mettent en valeur la gracieuse Torre dei Lamberti et les décorations murales de la Casa Mazzanti, dominée par un lion de Saint Marc juché sur sa colonne. Il est recommandé d’emprunter la via della Costa pour déboucher sur l’aristocratique Piazza dei Signori, centre administratif de la cité, au Moyen Age. La statue de Dante trône au beau milieu.

Vérone en pratique

 

Y ALLER

Au départ de la Suisse romande, Vérone se gagne en à peine plus de cinq heures de train, via Milan.

VISITER
Sur place, la Verona Card permet de substantielles économies sur les transports et les visites.

EXPLORER
Situé à 50 kilomètres de Vérone, le lac de Garde est un peu la côte d’Azur des Véronais. L’un des lieux les plus évocateurs et pittoresques est la Punta San Vigilio, un petit port photogénique et un parc où l’on peut se rafraîchir, manger, et admirer le lac. Un jardin très confidentiel se trouve sur une île privée ouverte à la visite. Il faut embarquer sur une petite navette et se laisser porter jusqu’à l’imposante demeure des Cavazza, grande famille italienne dont les racines plongent dans toute l’Europe.

S’AMUSER
Proche du lac, Gardaland est un parc familial composé de 34 attractions, six théâtres et aires de spectacles, 19 boutiques, 16 bars et restaurants ainsi que six kiosques.

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