La Couronne d’Or, un havre de chaleur à l’atmosphère boisée

Il y a une rue de village qui se cache derrière l’ogre de béton de la Riponne: la rue des Deux-Marchés. Elle doit son nom aux deux marchés qu’elle reliait avant, celui de la Riponne, qui proposait fruits et légumes, et celui au bétail de la place du Tunnel. Depuis 1895, il y a un bistrot sis au 13 de la rue, qui fait l’effet d’un havre de chaleur dans le cœur gris béton de la ville. Cette ruelle qui profite du soleil une bonne partie de l’après-midi offre sa bonne dose de rayons à la terrasse de l’établissement qui ne désemplit jamais. Ici, on prend une mauresque, un perroquet ou une tomate pour l’apéro, on mange de la potée en plat du jour, on joue au chibre le soir, et on vient bruncher le dimanche. Cet après-midi-là, la Couronne d’Or ressemble à une annexe pour étudiants studieux. Leurs laptops sont les seuls éléments de modernité de l’endroit, plongé dans une délicieuse atmosphère boisée et patinée qui semble tout droit sortie des années 60. L’album «Pet Sounds» des Beach Boys, qui résonne dans la sono du bistrot, et prouve que ce groupe est définitivement le meilleur du monde pour l’éternité, confirme les coordonnées temporelles, comme la 2CV rouge garée un peu plus bas: plus qu’une porte vers un village secret caché derrière la place de la Riponne, je soupçonne le passage sous l’ex-hôtel Mövenpick d’être une véritable et charmante faille temporelle.