Chronique économique: "Le revers de notre médaille"

En vadrouille à l'étranger notre chroniqueur Nasrat Latif a pu expliquer aux Québécois les "vertus" de notre libéralisme social

En vadrouille à l’étranger, je sympathise avec une famille de chauffeurs routiers québécois. Sillonnant l’Amérique de part en part à bord de leurs 38 tonnes, ils ont participé au fameux Convoi de la liberté, ce mouvement de protestation contre les restrictions sanitaires. A l’évocation de la Suisse, leurs yeux brillent de mille feux. Dans leur Belle Province, notre pays était pris en exemple pour la douceur de ses restrictions Covid ayant ménagé, plus qu’ailleurs, son économie et ses habitants.

L’un des deux couples de cette famille, la vingtaine, me raconte alors son quotidien sous l’ère Covid. Outre un couvre-feu strict pour toute la population, la vente d’alcool ou les services d’un coiffeur étaient interdits aux personnes non vaccinées. Il a même dû précipiter l’achat d’une maison pour continuer à se voir, la réunion de deux personnes issues de ménages différents étaient également interdite – indépendamment de leurs liens.

Lorsque je confirme à mes interlocuteurs que nous n’avons jamais connu un régime aussi sévère, leur enthousiasme vis-à-vis de notre pays de cocagne grandit encore. Ils m’informent que leur candidat aux élections générales du Québec cette année, le nationaliste Eric Duhaime, ne cesse de prendre la Suisse en exemple pour son système de santé. Quand je leur explique comment fonctionne nos assurances maladie et le coût des soins à la charge de l’assuré, ils déchantent. L’un des routiers me dit, soudain philosophe: «C’est le revers de votre médaille».