Frédéric François: «Le secret de la longévité? Suivre ses intuitions!»

VARIÉTÉ • Fort d’un dernier album «La liberté d’aimer» qui cartonne, le célèbre chanteur romantique sera en Suisse les 6 et 7 novembre prochains à Saint-Maurice et à Genève. Rencontre avec un artiste qui respire la joie de vivre.

Comment avez-vous vécu cette année Covid, sans concerts ni tournées?

Ah mais moi je me suis carrément auto-confiné une semaine avant que les autorités ne le décident! Dès que j’ai vu comment ça tournait en Italie en fait. Mais c’est vrai que le rideau est tombé d’un coup, avec une impression de brouillard complet. Heureusement, je me suis organisé très vite, en faisant installer un home studio dans mon sous-sol, chez moi. Et durant tout le confinement, j’ai travaillé sur mon album, que j’ai pu enregistrer, de manière très relax.

A vous entendre, cela a été très facile…

C’est la première fois de ma vie que je suis autant resté à la maison, mais c’était plutôt positif je trouve, avec un rythme plus normal: cuisiner, poser la table, regarder des séries TV. Le plus dur, cela a été de ne converser avec mes proches qu’à travers facetime, nous qui avions l’habitude des grandes réunions dominicales.

Votre album, justement, cartonne. Vous vous y attendiez?

Numéro 1 en France et en Belgique, je ne peux que remercier mon public pour sa fidélité qui se transmet de génération en génération sa passion pour ce que je fais. Le plus fou, c’est que les gens veulent toujours un CD, un objet qui se transmet avec une photo, des paroles, etc. Et puis musicalement, je fais toujours en sorte, en composant, de ressentir une émotion que je puisse transmettre…

Tout de même, numéro 1 en France après 50 ans de carrière, et échapper à un phénomène d’usure, c’est pas mal…

Je pense que ce qui m’aide, c’est d’avoir lancé mon propre label en 1993. C’est la clé de la longévité, car cela me permet de suivre mes intuitions et de me mettre moi-même au goût du jour. J’épouse l’air du temps en gardant ma liberté créatrice, sans avoir l’influence d’une grande maison de production. Par exemple dans mon dernier album, j’ai fait intervenir des basses qui dansent et chantent avec des sons électroniques. Evoluer sans dénaturer son travail, c’est la clé…

Apparemment votre plaisir de chanter et de composer n’est pas du tout émoussé. Quel est votre secret?

Je sais d’où je viens, je me connais et suis très humain. Quand je me mets à mon piano, je pense au bonheur que je peux donner à des millions de gens. C’est cette motivation qui me permet de travailler beaucoup et de garder ma voix fluide et aiguë qui vieillit bien…

Dans la chanson «La liberté d’aimer» du même nom que l’album, vous évoquez les homosexuels et dénoncez ceux qui empêchent les gens de s’aimer. Nous ne l’avons pas cette liberté d’aimer?

Jusqu’à présent, j’ai chanté l’amour individuel. J’ai cette fois voulu évoquer l’amour universel. Tout le monde a le droit d’écouter son cœur pour vivre sa vie, car personne n’est coupable d’être ce qu’il est, ni sa religion ni sa couleur ni son orientation… Il y a bien longtemps, Samy Davis Junior a perdu tous ses contrats parce qu’il avait épousé une Blanche… Les choses doivent continuer à évoluer.

Vous connaissez bien la Suisse…

Ah oui, j’y ai fait des dizaines de concerts, c’est un peu ma famille aussi! Et puis, il y a eu une période, je ne sais pas pourquoi, on m’a moins fait venir chez vous. Et là, ça repart, un producteur croit à nouveau en mon travail, je suis donc très heureux de revenir et de retrouver mon public.

Quelle a été l’expérience la plus difficile de toute votre carrière?

Franchement, la seule note qui m’a fait mal, c’est l’arrivée du disco. Jusque-là, notre génération de chanteurs était insouciante et ça marchait très bien. Et d’un coup, après avoir vendu des millions de disques, tout s’est arrêté, les spectacles, les radios, etc. Heureusement ça n’a pas duré longtemps et je me suis adapté, en utilisant les instruments du disco au service de la chanson romantique...

Propos recueillis par Charaf Abdessemed

«Frédéric François, 50 ans de carrière». Samedi 6 novembre à 20h30 au Théâtre du Martolet (Saint-Maurice) et dimanche 7 novembre à 15h au Théâtre du Léman (Genève).

Loc. Prestoprod, ticketcorner et fnac