Comme souvent, la Suisse se distingue: un ultime épisode de la chasse aux sorcières se joue dans le canton de Glaris, en 1782.
De façon surprenante, l’Eglise catholique n’a pas le monopole en la matière: c’est dans un Pays de Vaud très protestant que l’on fait rôtir le plus de soi-disant «mages noirs», avec 1700 condamnations recensées. Et même si la majorité des condamnations concerne des femmes, de nombreux hommes sont aussi poursuivis.
Mais comment cette chasse sanguinolente s’explique-t-elle? La figure du sorcier ou de la sorcière est d’abord construite autour de caractéristiques bien précises: usage de sortilèges, capacités à manipuler les éléments naturels ou encore rapports sexuels avec le diable. Elle sert souvent à expliquer l’origine d’un mal qui traverse une communauté, comme une mauvaise récolte ou une épidémie. Autrement dit, la société se cherche des boucs émissaires. Quant à l’élément déclencheur d’un procès, il se trouve souvent dans un conflit de voisinage. On accuse volontiers une personne de se livrer à des actes de sorcellerie pour mieux la discréditer. Des individus mal intentionnés parviennent de cette façon à se débarrasser de leurs ennemis.
Peu à peu, les procès de ce genre disparaissent en Europe. Comme souvent, la Suisse se distingue: un ultime épisode de la chasse aux sorcières se joue dans le canton de Glaris, en 1782. Anna Göldi, victime de harcèlement sexuel, se fait accuser de magie noire par l’homme qui la persécute. Elle finira décapitée. En 2008, le Parlement glaronais l’a officiellement réhabilitée. Ironie du sort, un abattoir se dresse aujourd’hui à l’endroit même où la dernière sorcière d’Europe s’est fait trancher la tête. Ouille! Yannis Amaudruz
Ces chroniques sont tirées du blogue Helvetia Historica, consacré à l’histoire et au patrimoine de la Suisse. www.helvetiahistorica.org