Lausanne fait son cinéma: «Cet obscur objet du désir»

Chaque semaine notre chroniqueur Thomas Lécuyer vous propose un film dont Lausanne est le décor... Aujourd'hui, «Cet obscur objet du désir» de Luis Buñuel (1977)

 

Lors d'un voyage en train, Mathieu raconte aux passagers de son compartiment ses amours avec Conchita, une femme radieuse qu'il poursuit de son obsession à travers l'Europe, incarnée à l’écran par deux actrices, Carole Bouquet et Angela Molina. Mais Conchita se dérobe toujours à ses avances…

Pour son dernier film après plus de cinquante ans de carrière et de nombreux chefs d’œuvre inoubliables («Un chien andalou», «Belle de jour», «Le journal d’une femme de chambre»), le cinéaste espagnol Luis Buñuel livre une œuvre imparfaite et testamentaire, dans laquelle il met en scène une dernière fois ses grandes obsessions et interrogations: l’opposition entre le désir et la frustration, entre le réel et le fantasmé. Le chantre du surréalisme signe, sur un scénario de Jean-Claude Carrière, un chapelet de souvenirs, souvent parsemés d’un humour surréaliste très décalé, et racontés sous la forme de flashbacks au cours d’un voyage en train entre Madrid et Séville. Quant au titre, «Cet obscur objet du désir», il est tiré d’une citation du roman, «ce pâle objet du désir», que Carrière et Buñuel ont adaptée en changeant l’adjectif.

Porté par une éblouissante Carole Bouquet, le film n’a qu’une seule scène tournée à Lausanne, au Beau-Rivage Palace. Mais savoir qu’un des plus grands cinéastes au monde a choisi la capitale vaudoise pour tourner une scène de son film testamentaire vaut clairement une séance de rattrapage.