Lausanne fait son cinéma: «Merci pour le chocolat» de Claude Chabrol

Chaque semaine notre chroniqueur Thomas Lécuyer vous propose un film dont Lausanne est le décor... Aujourd'hui, «Merci pour le chocolat» de Claude Chabrol (2000)

Avec son regard acéré, et parfois grinçant, son goût pour les ambiances faussement feutrées, la bonne chère, le bon vin, et la pipe, Claude Chabrol prenait un malin plaisir à jouer les médecins légistes de la bourgeoisie en disséquant sous son objectif ses petits et grands travers.

Dans «Merci pour le chocolat», il installe un drôle de triangle entre André, un pianiste virtuose (Jacques Dutronc), sa première femme, Mikka, directrice d’une pestigieuse marque de chocolat (Isabelle Huppert), et le souvenir de sa seconde épouse décédée, Lisbeth. André aime les femmes, la tranquillité, le piano, et le chocolat. Veuf, il décide presqu’aussitôt de se remarier avec son ex. Tout le monde s'accommode de ce curieux retour aux sources, et des petits travers de chacun. Mais ce fragile équilibre va être bousculé par l’arrivée d’une jeune femme absolument fatale et pianiste virtuose, qui pourrait bien être la fille d’André.

Lausanne est le décor principal et idéal de ce drame qui cache un savoureux suspense en filigrane. Comme le meilleur des chocolats, il semble doux au début pour se révéler puissant et amer sur sa note finale. S’il ne se passe pas grand chose tout au long du film, on sent que quelque chose se trame, que les tensions vont aller jusqu’au point de rupture entre les personnages. Chabrol réalise encore un exploit, très joli film en forme de trompe-l’œil, qui cache, sous ses allures de mélo bourgeois, la force d’un polar tranquille mais implacable.