Au XVIIIe siècle, tandis que Château-d’Œx compte 2000 habitants (Lausanne en recense environ 7000 à la même époque), le commerce du fromage fait vivre la majorité des habitants du village. Pour écouler les marchandises, on transporte les meules jusqu’au marché de Vevey. La route à travers la montagne, par le col de Jaman, se révèle alors dangereuse et pénible. Mais le jeu en vaut la chandelle, puisque les ventes rapportent de juteux revenus. Le fromage du Pays-d’Enhaut est d’ailleurs une denrée appréciée dans le monde entier et certains clients en importent jusque dans les colonies des Indes ou des Amériques. La production laitière permet ainsi à Château d’Œx de s’intégrer aux échanges économiques internationaux, qui s’intensifient.
Quitter la région
Cela dit, bien que quelques individus profitent d’une enviable prospérité, de nombreux enfants du pays doivent quitter la région, faute de travail. Beaucoup d’hommes s’enrôlent au sein d’armées étrangères. Certaines femmes descendent quant à elles en plaine pour y offrir leurs services de domestique. La situation s’aggrave d’autant plus que certains gros propriétaires possèdent de vastes terres et cherchent à diminuer les coûts de production du lait en limitant l’embauche de personnel au strict minimum. Château-d’Œx, comme d’autres villages de montagne, n’a donc rien du cliché romantique colporté plus tard par les arts et la littérature.
Cette balade est extraite du livre «Lieux secrets de l’histoire romande», Yannis Amaudruz, Editions Favre.