Il vit sa ville à travers la danse. En 2008, par exemple, lors des onze performances du projet «Cartographies», Philippe Saire a fait découvrir au public plusieurs sites lausannois de manière insolite, à travers le mouvement, témoignant ainsi son attachement à la capitale vaudoise, mais aussi sa volonté de sortir la danse des théâtres. La danse, le chorégraphe la rattache à la vie, à l’instant, au présent, l’amène aux gens qui passent, la rend accessible à tous. Né en Algérie, arrivé en Suisse à l’âge de cinq ans, il passe son enfance à Prilly, se forme en danse contemporaine et suit des stages à l’étranger et notamment à Paris, avant de créer sa propre compagnie à Lausanne en 1986. Une belle actualité rayonne autour de cette dernière, avec notamment la nouvelle création «Ether», et la reprise du spectacle jeune public «Hocus Pocus» dans la sélection suisse du festival d’Avignon 2018, ainsi que dans le IN du festival d’Edimbourg cet été, le plus grand festival des arts de la scène au monde. Avec le duo «Ether», à découvrir du 25 au 29 avril au Théâtre Sévelin 36, Philippe Saire nous invite à jouer avec notre perception visuelle, à travers la versatilité des corps dans un espace en point de fuite et enfumé, à la frontière entre la présence et l’absence.
COUP DE GUEULE
La Place de la Riponne, qui est la plus grande place lausannoise et le cœur de la ville, reste un lieu froid, peu accueillant et mal défini en dehors des jours de marché. Je ne suis pas passéiste, mais quand je vois les photos de l’ancienne Grenette, je me dis que pour une fois c’était mieux avant. Il est temps de réinventer cette place pour lui donner le futur convivial et accueillant qu’elle mérite. Cet échec urbanistique devrait être un cas d’école d’architecture.
COUP DE BOULE
Le monde culturel lausannois rencontre des tracasseries administratives dont il pourrait être épargné. C’est un monde vibrant de passionnés, qui travaille souvent avec des budgets et des moyens limités, et dont l’activité est essentielle pour le rayonnement de la ville, mais aussi pour le tissage du lien social, l’éducation et la jeunesse. Simplifier la vie de la culture, c’est embellir celle de la ville.
COUP DE POUCE
Nous organisons chaque mois de février à Sévelin 36 «Les Quarts d’Heure», une programmation «repérages» pour les jeunes chorégraphes émergents. L’idée de ces «Quarts d’Heure» est de stimuler la création locale et les nouveaux talents de la danse lors de créations de quinze minutes maximum. Nous avons repéré lors de la dernière édition le duo de Sarah Bucher & Victor Poltier, et le solo de Simon Cretoll, dont nous allons développer les créations lors du prochain Printemps de la Danse, en mars 2019.
COUP DE FOUDRE
Coup de foudre pour Chantal Prod’Hom, qui assure à la fois la direction du MUDAC et celle du Conseil de Direction du futur pôle muséal Plateforme 10. Elle fait preuve d’un investissement à la générosité sans faille pour la culture muséale, avec toujours la même soif de découverte, de curiosité, de création. Sa constance et son énergie sont exemplaires dans la façon de diriger ces institutions.
COUP DE CŒUR
J’ai présenté en 2005 un spectacle en extérieur sous la grande voile de béton en forme de raie manta de la Vallée de la Jeunesse. Cet endroit atypique à l’architecture extraordinaire, construit pour l’Expo de 1964, me rappelle beaucoup de souvenirs, qui viennent aussi bien de mon enfance que de mes spectacles. Il y a sous ce voile un petit théâtre abandonné dont les sièges en rondins de bois, si vides depuis tant d’années, laissent échapper une nostalgie un peu triste, mais très belle.
COUP DE CHAPEAU
J’aime la configuration géographique de cette ville, que j’ai beaucoup explorée. Il y a ses pentes au sud qui nous offrent de magnifiques perspectives et de larges horizons, mais aussi la rivière du Flon qui a creusé la ville en des enchevêtrements et des détours inattendus. La géographie de Lausanne est à l’image de son offre culturelle: large, riche, pleine de niches et de surprises.