Théâtre de Vidy: Une joute oratoire sur la haine ordinaire

«Un vivant qui passe» met en scène la rencontre en 1979 entre le jeune docteur Rossel, délégué du CICR qui s’est rendu à Auschwitz, et le cinéaste Claude Lanzmann.

  • FERNANDEZ

    FERNANDEZ

Nicolas Bouchaud est un habitué des spectacles sur des paroles majeures du 20e siècle. Celui qui se joue jusqu’au 22 janvier au Théâtre de Vidy ne fait pas exception à la règle. «Un vivant qui passe» met en scène la rencontre en 1979 entre le jeune docteur Rossel, délégué du CICR qui s’est rendu à Auschwitz, et le cinéaste Claude Lanzmann. Nicolas Bouchaud donne à entendre cet entretien troublant qui semble nous adresser des questions toujours d’actualité. Que voyons-nous, que regardons-nous? Comment devient-on spectateur, ou témoin? Qu’est-ce que voir? En 1942, Maurice Rossel est un jeune officier suisse de 25 ans qui rejoint le Comité international de la Croix-Rouge. Il sera bientôt envoyé à Berlin pour inspecter les camps de prisonniers. Plus de trois décennies plus tard, alors qu’il prépare son film «Shoah», Claude Lanzmann cherche à le rencontrer car il fut l’auteur d’un rapport controversé sur le ghetto de Therensienstadt. Devant la caméra du cinéaste, le docteur Rossel raconte sa visite du camp d’Auschwitz. Il exprime le sentiment d’horreur qu’il a ressenti, relève l’ambiguïté de sa position d’humanitaire à l’action plus que restreinte. Il n’a pourtant rien vu, dit-il, qui aurait pu lui signifier ce qui s’y passait réellement. «Un vivant qui passe» est une œuvre majeure et troublante.

«Un vivant qui passe», Théâtre de Vidy - Lausanne, jusqu’au 22 janvier. www.vidy.ch