Tirer le diable par la queue...

«En Espagne, je n’avais rien à faire, je ne trouvais pas de travail. Pour pouvoir m’en sortir, une amie du même village que moi m’a conseillée de venir en Suisse, car la prostitution est légale, que nous y sommes protégées et que les clients ont les moyens de nous payer.» Le témoignage de cette jeune femme espagnole, que nous avons publié dans nos colonnes à la fin de l’année dernière (LC/édition du 27-28 novembre 2013), a suscité beaucoup de réactions. Indignées pour les unes, compréhensives pour les autres, ou encore... inédites.

Dans cette dernière catégorie, celles de S… et L..., deux Suissesses âgées d’une quarantaine d’années, mères de famille, divorcées et… prostituées occasionnelles. Par plaisir? Non, juste pour pouvoir joindre les deux bouts et ne pas tirer le diable par la queue, comme elles nous l’ont expliqué sans détours. Sans pour autant s’enrichir, tant il est vrai qu’on ne navigue pas là dans les eaux glamour des escort-girls haut de gamme rémunérées à coups de billets de mille!

Elles ont souhaité exprimer leur quotidien. Sont-elles des cas isolés? Difficile à dire. Il n’existe aucune statistique officielle. Reste un témoignage qui en dit long sur la précarité de certaines d’entre-elles dans un pays richr qui regarde la plupart du temps avec beaucoup de condescendance et de mépris les étrangères qui, elles aussi, se voient parfois contraintes d’y vendre leurs charmes pour survivre (lire notre article).